Du Viagra pour monsieur le commissaire !
Presque trente minutes déjà à attendre dans ce sinistre commissariat, devant ce monstrueux commissaire m’ayant presque oublié, occupé à téléphoner à des interlocuteurs qu’il passe tout son temps à menacer. Ah, que je n’aime pas les policiers, surtout quand ils menacent !
Êtes-vous ivoirien ? me demanda-t-il en tirant une bouffée de cigarette, pour rappeler au cancer de poumon qu’il devait se hâter de le tuer.
Je lui fis savoir que j’étais togolais.
– Ah, le Togo ! J’y ai fait deux ans, dans la capitale, à Cotonou, j’y connais beaucoup de familles, êtes-vous originaire de Cotonou ?
Tellement pressé de quitter ! Mais jamais laisser massacrer mon amour de bled, y en a marre de voir toujours mon p’tit Togo se faire fondre dans le Bénin dans ce pays !
– Monsieur, Cotonou, c’est la capitale du Bénin, un pays limitrophe du Togo. Le Togo c’est…
– Ben, c’est les mêmes choses, le Togo et le Bénin ! Sur le plan politique, économique, social… Ou bien ? Tous les dossiers togolais et béninois que j’ai ici se ressemblent, c’est des histoires de culs et de fesses, des histoires de petits frères arrivés du Togo ou du Bénin qui arrachent les femmes de leur grand frère, des histoires d’envoûtement pour des femmes, des histoires de femmes frappées et blessées pour cause d’adultère… La plus récente est celle d’un jeune Togolais ou Béninois qui a arraché la femme d’un marabout qui a juré sur le Coran de le tuer rien qu’avec des sourates… Revenons donc à nos moutons, mon cher, pourquoi n’as-tu pas de vignette pour ta moto ? Ne me dis quand même pas que tu l’as chapardée, cette moto ! Bon, t’as pas la tête d’un voleur. La vignette c’est juste six mille balles, pourquoi tu n’en as pas, hein ? C’est les gonzesses de ce pays qui t’ont limé les poches ? Parce que tu sais bien que les minettes d’ici, ça te la lime jusqu’aux os ! Bon écoute, tu vas payer la contravention et…
Sa secrétaire, une jeune fille d’une vingtaine d’années, lui apporta un dossier. Le gros derrière de la jeune fille parfaitement moulé dans le léger tissu de son pantalon, dessinant le petit triangle de son slip, fit avaler une chaude salive à mon interlocuteur qui avait même oublié ma présence, concentré à zoomer la paire de fesses de la secrétaire qui rangeait le dossier sur une table dans le bureau.
– Euh, dis-moi, bredouilla-t-il complètement allumé, quand la secrétaire sortit du bureau, pendant qu’on y est, il paraît que chez vous là-bas, au Togo ou au Bénin, vous fabriquez des produits traditionnels pour mettre les hommes en forme, vous voyez ce que je veux dire, non ? J’en ai besoin pour un ami. Vous m’en promettez ?
J’eus pitié de moi-même. Plus de cent étudiants qui m’attendaient pour une conférence sur le lancement de nouveaux produits, et ce vert-galant qui ne démarrait plus me demandait du Viagra pour charger sa batterie et pomper son allumeuse de secrétaire ! Tous les moyens sont bons pour se débarrasser du képi qui ne vit pas d’amour et d’eau fraîche, mais qui peut survivre par les fesses de sa secrétaire. Jouer donc au jeu.
– Ah, oui, monsieur, j’ai un frère béninois, bon togolais qui en fabrique. Il traite toutes sortes de faiblesses et…
– Je ne vous parle pas de faiblesse mais de baisse de rendement, vous comprenez, hein, je…
– Oui, bien sûr, monsieur, il en fabrique, j’ai son numéro et on pourrait même l’appeler si vous voulez, mais…
– Si tu le connais c’est déjà bon, je te charge de me le contacter dès aujourd’hui. Toi et moi on est devenus des potes comme ça. Fais-moi signe dès que tu l’auras contacté. Si tu arrives à me le trouver, tu gagnes ma confiance. N’oublie pas que tu auras besoin de moi, on a toujours besoin d’un commissaire de police dans un pays. On garde donc le contact. Oublions cette histoire de vignette. Tu peux maintenant disposer pour ta conférence. Ca porte sur quel thème déjà, hein, la maîtresse du président de la République, ou l’amant de la première dame ?
Il pouffa d’un rire pas même digne d’une bande de chauves-souris dans une plantation de papayes mûres.
Bien sûr que tu l’auras, ton Viagra, mon vieux commissaire, pour labourer et « relabourer » ta secrétaire so sexy. Je te le donnerai le jour où le Christ viendra, enfin, nous expédier, toi et moi, pervers que nous sommes, en enfer !
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