2012, aïe, ma chèvre est enceinte !
Et hop ! Parti pour une nouvelle année. De nouvelles joies, de nouvelles rencontres, de nouvelles découvertes, de nouvelles amours… et, bien sûr, de nouvelles peines, de nouvelles déceptions, de nouvelles séparations… La vie.
Raté, mon réveillon. La petite fiesta prévue pour mes amis et mes étudiants n’a pas eu lieu. La chèvre que j’ai depuis quatre mois achetée, nourrie, cajolée, protégée contre mes voisins ivoiriens dont les mains ne peuvent jamais rester une seconde sans chaparder, n’a pas pu être tuée. La chèvre mienne, donc, réservée pour faire la fête n’a pas pu être tuée malgré mes insistances. « Monsieur, nous sommes vraiment désolés mais notre croyance ne nous permet pas de tuer une bête que nous savons enceinte », que tous les bouchers que j’ai consultés pour me faire le sale boulot m’ont répondu avec dédain. Et comme depuis ma naissance la seule créature que j’ai toujours pu facilement tuer est le moustique, eh bien, ma future maman de chèvre n’a pu être tuée. Eh ! Cette garce de chèvre au cul aussi gentil qu’un plat de gari d’Aného se permettait donc d’aller niquer un peu partout dans le quartier à mon insu ! Et dire que je la croyais sérieuse ! Dire que l’innocence de ses bêlements quand je lui caressais les matins les poils en la faisant manger dans mes mains me donnait la conviction qu’elle était aussi vierge que la Sainte Mère avant le Message de l’Ange de Dieu ! A part nos gonzessettes sur lesquelles nous ne pouvons plus compter, va falloir désormais apprendre à ne plus compter sur nos chèvres ! Circulons.
Que dire pour la nouvelle année ?
Remercier, avant tout, le Tout-Puissant de nous avoir, une fois de plus, maintenus en vie, pas pour nos bons actes, mais pour la grâce infinie dont Il ne cesse de nous abreuver, nous pauvres vulgaires pécheurs… Hein ? J’arrête le carnage, trop moche, la soutane ne me va pas. Tout comme le fauteuil présidentiel ne va pas à Faure Gnassingbé.
Du courage, beaucoup de courage, à toutes et à tous, non euh, à tous et à toutes – je n’ai pas encore changé – pour cette nouvelle traversée. Cette année ne sera, en soi, en rien plus prospère ni plus désastreuse que la précédente. Tout dépendra de ce que nous, humains, nous en ferons. Du courage donc pour dépasser nos suffisances et corriger nos insuffisances. Du courage pour affronter et assumer notre destinée d’humains, et honorer notre privilège d’êtres pensants. Du courage pour nous assumer.
De la force, beaucoup de force aux Africains, pour, enfin, arriver à démolir ce mythe dont nous entourons notre passé, à briser cette Afrique en papier que nous nous construisons dans nos délires les plus fous, à pouvoir cerner notre présent tel qu’il est, accepter que nous sommes les premiers responsables de la réussite ou de l’échec de notre continent, que ce continent ne se fera que par nous, et nous seuls, et à planifier l’avenir avec plus de sérénité, moins de larmes et de préjugés.
De l’audace, beaucoup d’audace aux jeunes, surtout ceux d’Afrique. De l’audace pour pouvoir surmonter nos doutes et vaincre nos peurs. De l’audace pour comprendre, croire que nous pouvons nous construire même dans le chaos de nos pays, que nous pouvons nous tracer une vie en empruntant des sentiers différents de ceux du désespoir que nous ont construits nos Etats. De l’audace, pour, enfin, devenir une jeunesse fière, digne, et qui croit en son avenir.
Merci à tous ceux qui ont partagé mon petit monde durant l’année écoulée, qui m’ont construit à travers les éloges, critiques et conseils. Ceux qui croient en moi, et qui sont prêts à toujours être avec moi. Vous faites partie de moi. Vous êtes moi. Et je vous en suis très reconnaissant. Merci donc.
En attendant de trouver une solution à ma chèvre enceinte sauvée de la mort par sa libido, bonne et heureuse année à toutes et à tous, euh non, à tous et à toutes – je ne change toujours pas !
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