Ben Laden et ma gonzesse à l’église
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J’ai honte, hyper honte de n’être sorti qu’avec une seule Tchadienne en plus de vingt-six ans de carrière depuis mon dépucelage à deux ans et demi dans une chambre d’hôtel à Lomé avec la fille d’un ministre togolais de l’époque, la classe, une fille devenue entre-temps Miss Togo, parce qu’il faut dire que j’ai cette particularité d’être sorti avec un chapelet de filles devenues quelques temps après que je les ai virées, des Miss et des maîtresses de chefs d’Etat, et c’est là mon seul point commun avec Eyadema notre pas si cher que ça et pas si regretté que ça ancien chef d’Etat, père de notre actuel pas si important que ça président Faure Gnassingbé, Eyadema qui me ressemblait sur le fait qu’il avait la particularité d’être sorti avec des filles qui sont actuellement devenues des maîtresses de son fils, et moi je suis sorti avec beaucoup de filles devenues après des Miss donc des maitresses de chefs d’Etat, avis donc à toutes les nymphos désirant devenir Miss et maîtresses de chefs d’Etat, mes frais de consultation vous sont offerts, service après-vente garanti, les filles, écrivez-moi vite, places limitées.
Euh… hein… ouais, je ne suis, donc, sorti qu’avec une seule Tchadienne, Jessica, Jessica une de ces filles-là qu’on surnomme ton pied mon pied, aussi collante qu’un riz thaïlandais préparé par une Togolaise, et parlant riz je profite pour faire la pub d’un riz made in Togo et qui porte le nom du nouveau parti politique de Faure Gnassingbé, Riz Unir, c’est à mourir de rire, disons que Faure surnommera bientôt le Togo par le prénom d’une de ses copines, République Ingrid, euh… donc, Jessica ma Tchadienne qui passait plus de temps à me parler de mariage que de l’argent que lui envoyait son père, et comme le premier critère par lequel je tombe amoureux d’une fille est sa capacité à fondre son compte bancaire dans le mien, et ne surtout pas me demander des relevés bancaires, eh bien, je l’ai virée une nuit en lui expliquant, Ecoute, Jessi, je t’aime beaucoup, tu sais toi-même que je suis fou de toi, je t’aime jusqu’au point de ne pas te tromper avec toutes tes huit meilleures amies mais avec cinq d’entre elles seulement, et je suis prêt à faire tous les sacrifices pour toi, des sacrifices comme passer une journée entière sans provoquer Faure Gnassingbé, des sacrifices comme accompagner une étudiante malienne dans une soirée littéraire où elle passera tout son temps à m’humilier par son inculture et ses fautes de conjugaison, des sacrifices comme épouser une Nigérienne qui me pondra trente-six gosses en dix ans de mariage, moi qui ne rêve d’avoir que deux enfants, tu vois que je t’adore, Jessi, mais tant que tu refuseras de me laisser gérer l’argent que ton père vole dans les mafieux tuyaux d’Idriss Débi et t’envoie, eh bien, je ne pense pas que je pourrai me marier avec toi.
Bref, une seule Tchadienne a eu l’honneur, ô le grand honneur, Dieu des honneurs, d’avoir partagé ma vie pendant trois semaines et deux jours, et c’est pourquoi, poussé par mon humanisme et mon empathie ineffables, j’ai décidé de corriger cette injustice vis-à-vis de ces petites filles de Tombalbaye, appliquer mes théories panafricanistes, d’unité africaine, de libre circulation des personnes et des biens que je défends toujours dans mes blogs, dans mes bouquins, durant mes interviews et conférences, corriger cette discrimination envers les Tchadiennes en répondant à l’invitation de Mouna, cette jeune étudiante tchadienne que j’ai rencontrée durant une soirée littéraire à l’institut français, Mouna regard Marion Cotillard, sourire Jessica Alba, hanches Jennifer Lopez, Mouna que je drague depuis trop longtemps, c’est-à-dire trois semaines, un délai trop long quand je le compare au délai moyen de mes petites maliennes qui est de deux jours, surtout quand il y a un mariage ou un baptême où elles doivent se rendre toutes belles, Allo, j’ai un mariage dimanche et j’ai toujours mon basin chez le tailleur, est-ce-que tu peux me trouver quinze mille, hein, je viens récupérer ça ce soir, T’inquiète, la niaque, mais ne viens pas à la maison parce que ma copine sera là, trouve-moi à vingt-et-une heures devant le Motel Grandes Délices de Bamako, on prend une chambre de passe ensuite je te file tes quinze mille pour ton basin.
J’ai, donc, répondu à l’invitation de Mouna, Mouna qui m’invitait à la messe ce dimanche – bien sûr qu’elle est chrétienne, moi qui suis aussi fréquent à l’église que le Pape Benoit XVI à la grande mosquée de Paris, aussi inconnu des pasteurs et des prêtres qu’un livre de Sassou Nguesso à l’Académie française, moi prototype parfait de ces Togolais plus animistes que Soundiata Keita, mais brandissant toujours leur titre de chrétiens comme un trophée. La dernière fois où j’étais parti à l’église, c’était pour rencontrer une jeune Ivoirienne que j’ai connue en boîte de nuit la veille, aussi sexy que Beyonce à une cérémonie des MTV awards, mais qui, une fois débarrassée de ses minis de la nuit, et drapée dans une longue robe ovale, ressemblait plus à une femme de féticheur béninois qu’à la starlette qu’elle m’avait parue la nuit en boîte. Je l’avais quittée, déçu, jurant de ne plus jamais draguer une Ivoirienne rencontrée en boîte, et de ne plus partir à l’église. Mais Mouna, mon fantasme depuis trois semaines, m’a invité, et j’étais là, à côté d’elle, comme vous le voyez bien, ma bedaine naissante de nouveau bourgeois moulée dans une veste sur mesure achetée à un trafiquant nigérian spécialisé dans le braquage des prêt-à-porter bamakois.
La première explosion se fit entendre quand le pasteur récitait le premier des trois textes bibliques pour la méditation. Elle venait, l’explosion, du côté Est de la paroisse, déconcentrant pour quelques secondes toute l’assemblée qui se ressaisit rapidement, pensant à ces multiples pneus chinois dont le plus grand loisir est d’exploser en pleine circulation, bafouant la tranquillité des alentours, comme pour respecter leur pays d’origine dont le plus grand loisir est de bafouer les droits de l’homme. La deuxième explosion, plus insistante, plus forte, sembla plus proche de nous, et le pasteur dut interrompre son commentaire pour quelques minutes, avant de continuer. A la troisième explosion, juste à l’entrée de la paroisse, ce fut la débandade. Des bombes ! J’aurais dû y penser, les islamistes du Nord allaient profiter du ramadan pour signaler leur présence à Bamako, et la meilleure façon de le faire est d’envoyer quelques kamikazes exploser sur la plus grande paroisse protestante de la ville.
En un bond, je me jetai dans le tumulte, me dégageant violemment des bras de Mouna affolée qui s’était fortement agrippée à moi, me criant, David, tiens-moi, ne me laisse pas. Oh, belle Mouna, je ne sais vraiment pas s’il m’est une fois arrivé d’être galant, mais sache que même si je dois prendre des cours de galanterie, ce n’est pas dans une église sur laquelle explosent des terroristes cocaïnés barbus les poches remplis d’explosifs. Meurs bien. J’irai pleurer à tes funérailles, nous savons si bien le faire, nous les Togolais, pleurer aux funérailles. Piétinant des enfants, bousculant des hommes, giflant et mordant des femmes, le mélange de Jesse Owens, d’Usain Bolt et de Mohamed Ali que j’étais subitement devenu réussit à s’échapper de l’enceinte de l’église en effervescence sous les cris, héla un taxi, sans demander les restes de son scooter dans le parking, encore moins la dépouille de sa Mouna.
Allo, David, j’espère que tu es arrivé sain et sauf chez toi, je suis arrivée à la maison moi aussi, en fait ce n’était rien, c’était juste un fou qui soufflait dans des bouteilles de jus en carton et les faisait éclater devant l’église, mais la scène m’a montré que tu ne tiens pas à moi, si tu peux si facilement m’abandonner sans même essayer de me sauver, donc, même si je t’ai invité à l’église aujourd’hui pour t’annoncer que je suis d’accord qu’on soit ensemble, je viens de changer d’avis, j’ai horreur des hommes poltrons, des hommes qui peuvent abandonner les femmes pour si peu, prends bien soin de toi, et ne cherche plus à m’appeler, je ne changerai pas ma décision.
Hein, donc c’était un fou, juste un fou qui m’avait fait une de ces peurs, moi qui me voyais déjà enfermé dans un cercueil, le corps déchiré, expédié vers mon Togo natal, pleuré par mes trois mille deux-cent vingt-quatre ex dont vingt-quatre Miss, à la grande joie de Faure Gnassingbé libéré d’un rival de plus, un fou qui m’a fait quitter mon scooter, et perdre Mouna, Mouna trois semaines de drague sans relâche, de sms, de calculs, de stratégies, de rêves… aïe… Mouna ! Je ne sais pas si ce maudit fou est barbu ou pas, mais je jure qu’il est un islamiste, parce qu’il vient d’appliquer une charia pure et dure, il vient de me couper une main. Aïe… ma Mouna !
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