Ce qui coupe le pénis du cheval se trouve dans le ventre du cheval (Deuxième Partie)

2 février 2014

Ce qui coupe le pénis du cheval se trouve dans le ventre du cheval (Deuxième Partie)

 

Portrait d'un jeune homme noir (Crédit image: www.123rf.com)
Portrait d’un jeune homme noir (Crédit image: www.123rf.com)

Résumé de la première partie : Le héros, Karim Diallo, la trentaine, gigolo devant Dieu et devant  les femmes âgées, se prépare à aller chez une de ses conquêtes. Il regrette sa vie et pense que c’est une malédiction qui lui vient depuis sa naissance, étant né avec un phallus en érection.

……………………………………………………………………………….

Tout en s’habillant – et un gigolo qui se respecte s’habille aussi longuement qu’une Malienne se maquille pour aller à un mariage, aussi posément qu’une sénégalaise porte ses perles pour rencontrer un nouvel amant, aussi adroitement qu’une Togolaise arrache le mari de son amie, aussi magistralement qu’une Nigérienne tombe enceinte, aussi suavement qu’une Ivoirienne embrasse quand elle aperçoit le bout d’un chéquier dans la poche de son dragueur… Tout en s’habillant, donc, Karim Diallo repensa à toute sa vie de chasseur de mémés allumées, cette vie à laquelle il décidait de mettre fin dès ce jour. Il se rappela qu’à part son phallus en érection à sa naissance, rien, Dieu des phallus, alors aucun signe n’avait montré sur lui qu’à la trentaine, il serait devenu un gros étalon toujours debout, excité à coups de billets de CFA pour monter à tout bout de lit de vieilles femmes dont la plupart avaient des enfants plus âgés que lui.

Il avait commencé l’école, à cinq ans, et avait passé toutes ses quatre premières années à éviter les filles, les trouvant trop bavardes, trop sales, trop nulles en lecture, trop bêtes en écriture, trop bouchées en récitation… Un petit garçon africain normal donc, qui trouvait les filles parfaitement négatives pour ne pas valoir la peine d’être regardées. Le déclic était arrivé quand il faisait la première année au cours moyen, et que le maître de la classe leur avait demandé le métier qu’ils rêvaient de faire quand ils seraient grands. Ousmane Traoré, un de ses camarades, treize ans, avait lancé qu’il voudrait devenir un grand acteur de porno. Sous le choc de l’étonnement, le maître avait laissé tomber le bout de craie qu’il avait en main, s’était composé une mine aussi sèche que celle d’une vierge touarègue refusant les avances d’un Bambara, et lui avait demandé, au Rocco Siffredi précoce, où il avait appris cet horrible métier. Ousmane avait sorti de son sac un roman pornographique avec plein de femmes et d’hommes nues dans des positions bizarres, et l’avait brandi devant toute la classe.  Le maître, devenu hystérique tel Valérie Trierweiler apercevant un scooter, avait arraché le livre et donné une dizaine de fessées au futur pornographe.

Karim Diallo, par curiosité, s’était lié d’amitié avec Ousmane pour en savoir plus sur ce livre étrange qu’il avait, et où on voyait des hommes et des femmes nues et faisant des choses bizarres. Il avait été très vite initié sur le sujet, Ousmane lui ayant montré d’autres romans pornographiques qu’il volait dans les affaires de son père, polygame invétéré trop vite lâché par sa libido traître et imbécile, réduit à lire, pour tromper quelquefois les envies de ses femmes qui le trompaient trop, des tomes de romans pornos, à regarder des piles de disques cochons avant d’avoir une légère érection pas même digne d’un Nigérien octogénaire hypertendu et diabétique.

Il avait pris goût, Karim Diallo, et avait trompé la vigilance de ses parents une ou deux nuits pour fuir la maison et aller regarder, en compagnie d’autres badauds, des films pornographiques dans le club-vidéo de son quartier par une fente de la clôture. Il s’était toujours demandé, avec ses camarades, pourquoi à la fin de ces films les couples d’adultes qui avaient regardé rentraient chez eux presque en courant, pourquoi les garçons qui avaient regardé seuls traînaient, eux, les pas dans les environs, tendus, nerveux, les mains dans les poches, sifflant les petites revendeuses de cacahuètes et de bonbons devant le club…

Au collège, Karim Diallo, de romans en films pornos, avait fini par comprendre que les filles de sa classe, c’était vrai, elles étaient bavardes, bruyantes, sales, nulles en conjugaison, ridicules en maths,  bouchées en dictée… elles paraissaient totalement négatives quand on les voyait à l’air libre, quand on les voyait dans la classe et dans la cour de récréation, mais en cachette, sous un banc dans une classe déserte, dans un buisson derrière la clôture de l’école, derrière une case la nuit… loin des regards des adultes, une fille, ça pouvait servir à quelque chose, ça pouvait servir à tout ce qu’on ne pouvait jamais avoir avec elles à l’air libre. En cachette, toutes ces filles de sa classe, toutes celles qu’il croisait dans la rue, toutes ses cousines, c’étaient des délices, des trésors,  c’était pourquoi à l’école primaire son ami Ousmane avait juré qu’il ne ferait, quand il serait grand, aucun métier à part celui de ces hommes des romans pornos. Ousmane avait raison, les filles, en cachette, c’était la vie.

Malgré son éducation libertine précoce, Karim Diallo était arrivé au lycée sexuellement plus frustré qu’un adolescent mauritanien, avec un palmarès semblable à celui d’une équipe de foot du Togo à une Coupe d’Afrique. Minable. Il n’avait réussi à le faire, c’est-à-dire à faire ça, qu’avec deux filles. Une cousine dix fois plus étourdie qu’une urine matinale, et une domestique au visage aussi dur que les testicules d’un hernieux. Avoir seize ans et ne présenter à son actif que deux filles : une cousine et une bonne ! C’était mieux par rapport à tous ses camarades de classe de la même tranche d’âge restés encore puceaux, eux, complètement traumatisés par leurs frustrations, et remontés jusqu’au dernier poil de leur pubis contre cet indigeste mélange de l’islam et des traditions africaines qui avaient fait du sexe dans leur société le plus grand tabou, le plus horrible des péchés. Mais deux filles à seize ans, pour un qui était né avec un phallus tendu, dont les ancêtres avaient été reconnus comme de grands seigneurs en festins de la chair, voilà une bien piètre performance. Et Karim Diallo, lycéen, en eut honte.

A suivre…

Note : Le titre de la nouvelle « Ce qui coupe le pénis du cheval se trouve dans le ventre du cheval » est un proverbe du peuple éwé, peuple vivant au Togo, au Ghana et au Bénin. Le proverbe signifie que la plupart des malheurs d’un homme proviennent de lui-même.

Partagez

Commentaires

David Kpelly
Répondre

It's on!

Lovejoyce
Répondre

Merci David pour ce recit palpitant et ces histoires qui semblent si vraies! Pauvre Karim Diallo! ;)

Emile
Répondre

en attendant la suite.

Amevor
Répondre

Très délicieux. On attend la suite... Quelle maitrise de la langue de Molière!

Chriss
Répondre

Étonnante digression d'inspiration priapique !

Il y a toujours une part de vécu dans un roman / une nouvelle...mais où est-elle ? ;)

jean Pierre
Répondre

Avec cette histoire, même un malade à l'agonie attendrait de lire d'abord la fin avant de mourir. Bravo, frère! Stp, n'attend pas trop longtemps avant de nous faire savourer la suite.