Ce n’est pas par l’odeur du pet qu’on reconnaît un vieux (Septième partie)

27 octobre 2014

Ce n’est pas par l’odeur du pet qu’on reconnaît un vieux (Septième partie)

Homme âgé d'Afrique (Crédit image: www.matteomaillard.blog.lemonde.fr)
Homme âgé d’Afrique (Crédit image: www.matteomaillard.blog.lemonde.fr)

 

Une « Made in Dubaï », ça ne se caresse pas comme ça

Une « Made in Dubaï » pur jus, la Matou. Depuis trois ans qu’il la connaissait, Kader Konaté n’avait jamais vu ses cheveux naturels qu’elle rallongeait avec des mèches brésiliennes ou indiennes, ou s’arrangeait à cacher sous des perruques tellement broussailleuses qu’elles rendraient jalouses celles de la femme de Paul Biya. Ses cils et sourcils, elle les complétait chaque semaine avec de faux cils, et ses ongles étaient toujours cachés sous des ongles en plastique aussi longs que les serres d’un aigle.
Il avait eu l’audace, une nuit, alors qu’ils étaient au lit, et qu’il croyait, comme tout mari normal, que c’était le moment idéal de faire de petites remontrances à sa femme sans la vexer, il avait, alors, cette nuit, eu l’audace de demander à sa femme pourquoi elle s’encombrait avec tant de faux, qu’elle n’avait pas besoin de toutes ces pacotilles chinoises pour être belle, que lui, son mari, l’apprécierait mieux sans tous ces faux, que… il avait à peine fermé son « groin » de vieux perroquet que la belle Made in Dubaï s’était redressée et lui avait dit, la voix aussi foudroyante que la gifle d’un sourd-muet, que c’était la dernière fois qu’il osait lui parler de ça, qu’elle n’acceptait pas ces embêtements-là, qu’elle ne comprenait pas pourquoi c’est toujours les vieux qui sont aussi rétrogrades , que s’il voulait une femme sans faux cils, eh bien, il n’avait qu’à aller chercher une VDV, une « Venue directement du village », et la laisser tranquille…

Remis à sa place, sa place de vieux rétrograde n’aimant pas les faux cils et les faux ongles, K2 avait filé doux, et plus jamais, n’avait eu le courage d’aborder le sujet, son rôle dans la scène se limitant à donner à Madame 25 000 F CFA chaque lundi pour aller faire sa tête, 15 000 F CFA chaque mardi pour aller faire pédicure et manucure, 10 000 F CFA chaque mercredi pour aller au « Lux Beauté » acheter des cils et des ongles, 15 000 F CFA chaque jeudi pour aller faire « fond de teint plaqué » au salon de beauté de Mame Thiam la Sénégalaise dont le slogan est : « Même une femme africaine peut devenir belle une fois qu’elle entre dans mon salon, impossible n’est pas Mame Thiam »…

Quant aux poils du pubis et des aisselles, Allah lui était témoin, il ne pouvait pas affirmer que sa femme les gardait ou pas. Aussi loin que ses souvenirs le portaient, il s’était vu, la troisième nuit après leur mariage, en pleine Lune de Miel donc, porté par ses élans naturels de nouveau marié, il s’était, alors, vu cette nuit en train de vouloir caresser sa femme sur le pubis. La jeune mariée, étonnée, s’était subitement dégagée de ses bras et lui avait demandé ce qu’il était en train de faire. Etonné, lui aussi, il lui avait répondu qu’il faisait ce que fait tout mari, caresser sa femme où il veut. Matou, enragée, lui avait hurlé que c’était la dernière fois qu’il osait lui faire ça, que c’était de la pure perversion, de la pure ignominie qu’un vieux comme lui, Africain de surcroît, ait encore l’audace de vouloir caresser une jeune fille sur le pubis, qu’il n’avait qu’à rapidement frotter son truc ridiculement pas dur-là contre elle et la laisser dormir au lieu de vouloir faire des caresses comme les jeunes le font dans les feuilletons des Blancs.

Et depuis cette mise en garde, K2 avait enterré tous ses talents de caresseur s’étant toujours contenté de frotter son truc ridiculement pas dur-là contre « Espace Schengen » les très rares nuits où elle voulait bien lui ouvrir ses frontières. Il n’aurait donc pas d’objection à faire s’il arrivait qu’un jour on vienne lui dire que sa femme, avec qui il dormait dans le même lit depuis deux ans, avait des lingots d’or à la place des poils au pubis et aux aisselles, comme il n’y touchait jamais.

Après une semaine d’infructueuses réflexions, Kader Konaté retourna chez le marabout Coulibaly pour lui expliquer l’impossibilité de la mission. Il pouvait tout trouver, affirma-t-il, tout, même la cravache ayant servi à fouetter une pute nigériane, il suffisait d’aller dans l’une de ces multiples boîtes à putes libanaises de Bamako où des putes nigérianes et maghrébines se font fouetter par centaines toutes les nuits. Mais les ongles, cheveux, cils et poils de Matou, il ne pouvait les trouver, wallahi, il ne pouvait les trouver.

Le prophète Karamoko, après quelques simagrées, quelques sauts et quelques petits pets, lui dit en souriant : « Oh, Kader, fils de Konaté, Kader Konaté, grand chef devenu un chiffon pour une petite fille au pagne léger, le piment a beau être méchant, un ver plus méchant que lui loge dans son ventre. Tu auras tout ce que je te demande. La tige de gombo peut s’élever comme elle veut, le paysan la plie pour trancher de son sommet le gombo. Je vais te donner un somnifère. Tu le feras consommer à ta femme demain dans la journée. Elle dormira trois jours et trois nuits, et tu auras largement le temps de chercher sur elle tout ce que tu veux. »

A suivre…

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Commentaires

David Kpelly
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It's on!

Njoya
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La suite, la suite l'artiste!

constykoff
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tu mets trop de temps pour publier la suite. si tu n'es plus inspiré , un petit tour au TOGO devant le palais de FAURE t'aidera grâce aux coups de matraque. Vous les africains aimez bien être chicottés avant d'avancer. Allez hop! ou c'est l'extradition vers ton pays ou ton royaume. hihihi

Corine
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Viens de découvrir votre blog par l'entremise d'une collègue de bureau. Quelle belle plume. Vous avez vraiment du souffle dans l'écriture. En vous lisant je pense à Ahmadou Kourouma mais aussi au plus jeune Mabanckou. Je tâcherai de de ne plus jamais vous lâcher les talons. Merci!