David Kpelly

Ce n’est pas par l’odeur du pet qu’on reconnaît un vieux (quatorzième partie)

 

RIP. Charlie Hebdo ne mourra pas.
RIP. Charlie Hebdo ne mourra pas.

L’épisode de silence, pour que vive Charlie
En 2012, à travers l’article : « L’islamophobie aux enfants de 7 à 77 ans » publié dans ce blog et dans des sites web africains, je prenais la défense du magazine Charlie Hebdo dans l’affaire des caricatures de Mahomet qui enflammait l’actualité, suite à la polémique autour du film « L’Innocence des musulmans », et expliquais que ce ne sont pas les caricaturistes et réalisateurs qui donnent à l’islam la très mauvaise image qu’il a aujourd’hui, mais plutôt ceux qui tuent les caricaturistes et réalisateurs tout en en se proclamant défenseurs de l’islam.

L’article avait suscité des commentaires très violents dans les sites web. Je reçus de sévères menaces dans ma messagerie Facebook et dans ma boîte mail à travers le formulaire de contact d’un de mes blogs. Certains me frappèrent du cachet « islamophobe ». J’ai même perdu quelques amis musulmans. Soit.
Le 7 janvier 2015, les tueurs au nom d’Allah et de Mahomet ont encore frappé, assassinant de très grands dessinateurs, de très grands talents de ce journal, Charlie Hebdo, devenu l’un de leurs plus redoutables ennemis à abattre. « Nous avons tué Charlie Hebdo », scandèrent-ils à la fin de la tuerie.
Aujourd’hui, pour une nouvelle fois, je soutiens Charlie Hebdo. Et m’incline devant ses dessinateurs assassinés : Charb, Cabu, Honoré, Wolinski, Tignous… et les autres victimes.

Une minute de silence, observe-t-on, selon la coutume, à la mémoire des morts. Je leur consacre, moi, un épisode de silence. Cet épisode, le quatorzième, de mon feuilleton : « Ce n’est pas par l’odeur du pet qu’on reconnaît un vieux ». Et je prends l’engagement que quel que soit l’éditeur qui, plus tard, publiera ce feuilleton, j’y imposerai un chapitre de silence, ou une page de silence, ou un paragraphe de silence, où mes personnages cèderont la place aux dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré et les autres victimes de l’attaque du 7 janvier 2015.

Pour que demain, après demain, toujours, Charlie Hebdo vive, vive, vive, et continue à dessiner, à provoquer, à faire rire, sur tout, avec tout, n’en déplaise aux dieux, aux prophètes et à leurs tueurs. Parce que rien, rien, même les colères d’un dieu pris en otage par des adeptes floués et fous, alors rien ne peut arrêter d’un seul pas l’une des plus belles, des plus grandes marches de l’humanité : la marche vers la liberté d’expression. Vers la liberté.


Ce n’est pas par l’odeur du pet qu’on reconnaît un vieux (treizième partie)

Perles Bin-bin autour des hanches d'une fille (Crédit image: www.xibaaru.com)
Perles Bin-bin autour des hanches d’une fille (Crédit image: www.xibaaru.com)


Les perles bin-bin rapprochent les fiancées des déesses

Pendant une demi-heure, K2 réfléchit à la proposition de la famille Sylla. Il était sûr d’une chose, et l’adage qui stipule que même un noyé on le lave avant de l’enterrer l’exprime si bien, ce n’est pas parce qu’on a été trompé par une femme qu’on ne doit plus en prendre une autre. Au contraire. Il faut en prendre une plus jeune, plus claire de teint, plus ronde devant et derrière… pour montrer à l’infidèle que c’est seule l’imprudente qui n’est jamais allée au Cameroun qui se targue d’avoir les plus grosses fesses au monde.

Il pensa également, Kader Konaté, que ne pas accepter cette minette qu’on lui proposait en remplacement de la barbaque « Espace Schengen », c’était retourner vers ses deux premières femmes, si, bien sûr, les deux vieux bibelots qui en jouaient le rôle pouvaient encore être, par indulgence, appelées femmes, elles qui n’avaient désormais de féminin que les prénoms, tout trait pouvant faire d’une femme une femme ayant depuis longtemps disparu sur elles.

Et, Allah lui était témoin, K2 n’avait plus aucune envie, alors aucune, d’aller manger les plats de ces vieilleries, des plats aussi fades que la langue d’un chien mort tartinés de la morve de leurs incomptables rejetons, passer, ô sacrilège, la nuit dans leur lit moite de leurs sueurs de ménagères analphabètes fatiguées, de l’urine jaunie de rachitisme de leurs enfants mal nourris, et, pire, astafourlai, remplir avec elles son devoir nocturne d’époux ! Autant aller s’accoupler avec de vieilles morues ghanéennes rejetées par les vagues mouvantes de la prostitution juvénile sur les côtes d’un bar libanais pour ouvriers sans le sou.

Après toutes ces réflexions, il se leva et commença sa décision par un dicton : « C’est autour de l’étable où il a laissé une partie de ses poils des couilles que le bouc rôde plus souvent. » Il fit savoir, sans détour, que oui, il acceptait la proposition de la famille Sylla, qu’il acceptait de prendre Alimata en remplacement de sa cousine Matou, qu’il acceptait de rembourser la dot payée par l’immigré Daouda Dembélé, qu’il acceptait de payer les cinq cent mille francs de rallonge, qu’il promettait même, comme bonus, en cas de bon comportement de sa future femme, inch Allah, un pèlerinage à la Mecque à son nouveau beau-père Madou Sylla.

Personne dans l’assistance ne tenait plus sur place quand il finit de parler, tout le monde s’étant levé pour l’applaudir. Le griot Kouyaté, dans les nues, calculant déjà en tête la commission de négociateur qu’il percevrait sur la transaction, voulut chanter la geste de la famille Konaté, mais on lui demanda de le boucler, son groin de griot dévalué, parce qu’il faisait déjà nuit et qu’il fallait rapidement faire venir la mariée pour la présenter à son futur mari.

Un émissaire fut sur-le-champ envoyé à la maison de Madou Sylla pour amener Alimata et sa mère. On ne les faisait, bien sûr, pas venir pour demander leur avis. Ah ça non ! Ce n’étaient que des femmes. On voulait juste présenter à Alimata son futur mari, et faire un clin d’œil à sa mère de daigner rapidement faire une autre fille pour remplacer celle-là, afin que puisse se perpétuer le cycle des dots à percevoir.

Alimata arriva, une heure plus tard, suivie de sa mère, habillée d’une robe moulante en basin, la tête couverte d’un foulard. Son habillement pas très léger n’occultait en rien son teint clair encore plus éclatant sous les derniers rayons que dardait le soleil palissant. Aussi agile qu’une vierge allant à son premier rendez-vous, elle se recroquevillait devant chaque personne à saluer, prenait la main qu’on lui tendait en baissant la tête, et murmurait d’une voix plus suave qu’une bouchée de sauce gombo à la viande de porc : « Que la paix d’Allah soit sur vous.»

Kader Konaté, qui était la dernière personne à saluer, eut ainsi le loisir d’admirer le derrière de la jeune fille dessiné dans la robe moulante. Chaque fois qu’elle s’accroupissait pour saluer, la robe ressortait les deux grosses boules qu’elle balançait derrière elle, dessinait les traces d’un slip provocateur à la limite du string et quatre rangées de perles gros grains bin-bin arme de destruction massive des femmes sénégalaises.

Et quand ce fut son tour d’être salué, que la jeune fille, la tête baissée, s’accroupit devant lui, Kader Konaté, lançant un coup d’œil furtif à travers sa robe, perçut deux gros seins fermes comme ceux d’une jeune vodousi togolaise, il conclut, au fond de lui-même, qu’il n’y avait plus aucun doute, c’était avec cette fille qu’il allait écrire son premier livre, son premier best-seller ayant pour titre : « Les Milles et une nuit maliennes. »

A suivre…


Ce n’est pas par l’odeur du pet qu’on reconnaît un vieux (douzième partie)

Femme de teint clair (Crédit image: https://www.youtube.com/watch?v=KpSlVXdtcMY)
Femme de teint clair (Crédit image: https://www.youtube.com/watch?v=KpSlVXdtcMY)

Dis-moi ton teint, je te dirai le montant de ta dot

Il sonnait seize heures trente et les premiers ouvriers chinois de Bamako avaient commencé à rentrer chez eux, pressés d’aller se changer et traîner leurs gringalets corps et leurs costaudes libidos chinoises vers des bars à putes libanais, quand, devant cette réunion de sourds qui ne finissait pas de s’allonger, Madou Sylla, frère cadet d’Aladji Sylla, se leva et demanda la parole en introduisant son discours par un dicton populaire : « Ce n’est pas par l’odeur du pet qu’on reconnaît un homme âgé, mais par la blancheur de la tête. »

Madou Sylla, tout comme son frère pèlerin, s’était spécialisé, depuis son premier mariage à seize ans, dans la fabrication d’enfants, des garçons destinés à mendier dans la rue puis faire le pickpocket dans les marchés, des filles à marier contre une dot de cinq cent mille à deux millions. Agé de soixante-deux ans et à la tête d’une entreprise employant quatre femmes lui ayant chacune produit en moyenne neuf enfants, Madou Sylla ne voulait, ne pouvait plus continuer d’accepter cette humiliation qu’était en train de leur faire avaler Kader Konaté.

Calmement, il exposa sa décision à l’assistance. Sa dix-neuvième fille, Alimata, dix-sept ans, était en chômage matrimonial chez lui à la maison. Voici cinq ans qu’il l’avait fiancée à un de ses petits neveux, Daouda Dembelé, parti, comme tout Sarakolé qui se respecte, chercher fortune en Europe –il ne connaissait pas le pays où il était parti. Si les deux premières années après son départ Daouda, devenu, selon ce qu’il disait au téléphone, technicien de surface dans une grande banque là-bas, avait de temps en temps appelé sa fiancée, promettant de l’amener le rejoindre en Europe le plus vite possible, voici trois ans qu’on n’avait plus aucune nouvelle de lui, des rumeurs étant même arrivées à Bamako qu’il avait été déporté parce qu’en situation irrégulière, mais ne voulant pas retourner à Bamako subir mépris et humiliations, il avait préféré faire demi-tour et rejoindre la Libye par le désert.

Bref, oui, il avait perçu six cent mille francs pour la dot d’Alimata, mais depuis six mois déjà, il avait décidé, devant le silence et la disparition du fiancé, de libérer sa fille de tout engagement, et de la remettre en cession sur le marché du mariage. Alors, ce soir, comme « amenez le mouton pour qu’on lui attache une corde » et « amenez une corde à attacher au mouton » donnent le même résultat, eh bien, ce soir, Kader Konaté n’allait pas repartir chez lui ni avec « Espace Schengen » dont il ne voulait plus, ni avec son million et demi que sa belle-famille n’avait pas à lui rembourser, mais il allait repartir avec une promesse : on lui donnerait la jeune cousine d’«Espace Schengen » Alimata qui irait faire le boulot que sa cousine n’avait pas pu faire.

Un tonnerre d’applaudissements accueillit l’intervention de Madou Sylla, certains lui serrant la main, d’autres lui tapant sur l’épaule, d’autres encore lui ouvrant les bras pour l’embrasser. Le griot Kouyaté, sûr maintenant que la scène allait connaître un dénouement heureux, donc qu’on ferait un plat copieux pour fêter tout cela, donc qu’il rentrerait ce soir le ventre plein, inch Allah, courait au milieu du cercle que formait l’assistance en hurlant : « Alhamdoulila, Madou Sylla, digne fils de Boubacar Sylla, petit-fils de Koro Abou Sylla, arrière-petit-fils de Tidiane Sylla a bien parlé, la sagesse des Sylla est légendaire, alhamdoulila, mangeons et buvons à la sagesse des Sylla… »

Madou Sylla, dans les nues, sachant que c’est dans une assemblée de musaraignes qu’on pète sans se faire prendre, profita pour introduire un bémol. Ce qu’il était en train de faire n’était nullement ni du chantage ni un acte de mauvaise foi encore moins de l’escroquerie, mais il fallait qu’il précise certaines conditions : Kader Konaté, devait, pour pouvoir épouser Alimata, restituer les six cent mille de dot payés par Daouda Dembelé pour que ce dernier soit remboursé au cas où il reviendrait. Il devait aussi, K2, payer une rallonge de cinq cent mille parce qu’il fallait préciser qu’Alimata n’avait que dix-sept ans, fraîche de chez fraîche donc, et, surtout, elle était de teint clair, et tout le monde savait que la dot d’une femme de teint clair et celle d’une femme de teint noir n’ont jamais été les mêmes, la femme de teint clair étant beaucoup plus proche d’une femme blanche, donc mieux, dix fois mieux, cent fois mieux qu’une femme noire.

L’assistance approuva par des « Amina» huilés, et le griot Kouyaté, plus zélé qu’une dent cariée en saison froide, demanda à Kader Konaté ce qu’il pensait de la proposition, de la décision de Madou Sylla. Il fallait, lui fit-il, qu’il donne son accord pour qu’on envoie chercher sur-le-champ Alimata pour les présentations.

A suivre…


Ce n’est pas par l’odeur du pet qu’on reconnaît un vieux (onzième partie)

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Allah protège le pèlerin et les trésors de son entrecuisse

« La guenon qui file pour aller gratter les couilles de son amant et celle qui détale devant la massue d’un chasseur n’ont pas la même ardeur à la course« , dit le proverbe.

El Hadj Boubacar Sylla et son djeli Kouyaté n’eurent pas besoin de se poser des questions sur ce qui était en train de leur arriver, ou plutôt ce qui était en train d’arriver à leur gendre Konaté avant de décoller de leur siège et détaler, chacun de son côté, devant le chien enragé hurlant qui filait vers eux avec la machette de Coulibaly luisant sous les frêles rayons solaires du matin.

Si le griot Kouyaté, aux jambes aussi habiles que sa langue, réussit, en quelques enjambées, à s’infiltrer dans l’une des trois cuisines de la cour, Boubacar Sylla n’eut pas la même facilité à se sauver, justement parce que seulement à la deuxième enjambée, son boubou d’Aladji, ce cafre, dix fois cafre de boubou, lui fit faire un faux pas, au même moment où Kader Konaté, à quelques pas seulement derrière lui, lança sa machette en hurlant : « Meurs ce matin, meurs pour ne plus jamais escroquer un seul Malien avec tes prostituées de filles, vieil escroc ! » La machette, sifflant, passa juste entre les deux cuisses du pèlerin Sylla, au moment où il tentait de maintenir son équilibre, manquant à quelques millimètres près de lui happer ses couilles et autres matériels de travail « intrajambaires ».

Les femmes de la maison, alertées par les cris des acteurs de la lugubre scène, hurlèrent devant cette maudite machette qui filait dans l’entrecuisse de leur mari, se demandant ce que pouvait valoir un homme castré, un homme qui déjà ne leur était utile que par ses prouesses nocturnes au lit. Mais Allah étant toujours grand, Allah Le Miséricordieux ne pouvant jamais laisser Ses filles sans leur pain de chaque nuit au lit, la machette n’effleura pas le bangala et associé de leur mari qui réussit même à rapidement se redresser et se sauver des bras de Kader Konaté qui, en une plongée digne d’un gardien de but italien devant un attaquant anglais, avait bondi droit sur lui pour le plaquer contre le sol.

Les femmes alertèrent des voisins et passants qui vinrent rapidement maitriser K2 avant qu’il ne fonce dans la chambre où s’était retranché El Hadj Sylla. On l’éventa, lui donna de l’eau fraîche à boire pour calmer ses nerfs en feu. Une femme, jouant son Mahomet m’as-tu-vu, proposa même qu’on lui lise quelques versets du Coran pour aiguiser sa piété émoussée, mais la proposition fut rejetée à l’unanimité, l’assistance soutenant que ce n’étaient pas des versets du Coran, aussi saints qu’ils soient, qui allaient restituer au chien enragé son million et demi qu’il réclamait.

Kader Konaté se calma après une demi-heure et accepta de participer à la réunion de famille extraordinaire qui fut convoquée sur-le-champ pour résoudre le problème. Quand le chef de la famille Sylla, un oncle d’Aladji Sylla, lui demanda, à K2, d’expliquer sa mortelle colère, il ne répondit que par une seule phrase : « Je ne veux plus épouser votre fille, je veux ma dot d’un million cinq cent mille. »

La réunion s’allongea de dix heures du matin à quinze heures. Sans aucun compromis. Kader Konaté ne voulait que son million et demi, et plus jamais d’« Espace Schengen ». Les Sylla n’avaient même pas le dixième de la somme à restituer. Par le canal de la langue huilée du faux djeli Kouyaté, ils multiplièrent des proverbes et des proverbes, des adages et des adages, des contes et des contes, des mythes et des mythes pour expliquer à Kader Konaté que depuis la Création la femme a toujours été mauvaise, que si Allah a toujours eu un grand regret dans Sa vie de Dieu c’est d’avoir créé la femme, que si ce n’était pas la femme, l’homme serait encore là au jardin d’Eden en train de se la couler douce, peinard, connecté du matin au soir sur Facebook sans avoir besoin de travailler pour manger, puisque Allah avait tout mis à sa disposition dans le jardin, que wallahi, c’est la femme, erreur de la Création, qui a gâché tout ça, que c’était pourquoi il y avait cet adage qui stipulait que la femme est comme un pet, la garder est un problème pour le ventre, se débarrasser d’elle est un problème pour le nez… que, que, que…

Mais Kader Konaté ne changea pas d’un cheveu sa décision, il ne voulait plus de Matou, il exigeait son million et demi de dot, sur-le-champ, sinon il ferait tomber la tête de son beau-père, de sa belle mère et de plusieurs autres membres de sa belle famille.

A suivre…


Ce n’est pas par l’odeur du pet qu’on reconnaît un vieux (dixième partie)

Homme âgé d'Afrique (Crédit image: www.tv5monde.org)
Homme âgé d’Afrique (Crédit image: www.tv5mondeplusafrique.com)

La dot, ça peut se récupérer par une machette de boucher

K2 fut enfermé au commissariat, et passa une nuit blanche parmi une bande hétéroclite de détenus : un voleur de moto jakarta, un Ibo accusé d’avoir assassiné un bossu pour lui ôter du mercure de sa bosse, un Ivoirien trentenaire et un Congolais du même âge arrêtés, la veille, dans une boîte de nuit alors qu’ils se battaient à mort, pour une pute togolaise, par bouteilles de Coca cassées interposées, un Maure soupçonné d’être un espion de la rébellion touarègue à Bamako, un étudiant malien de la vingtaine ayant brûlé à l’acide le visage d’une étudiante qui refusait de lui livrer « sa marchandise » alors que cela faisait plus de six mois qu’elle le dépouillait de sa bourse d’étudiant, lui promettant une chaude et douillette partie de jambe en l’air, un pasteur d’origine ghanéenne, fondateur d’une église charismatique à Bamako accusé d’avoir rendu enceinte la fille mineure d’un magistrat, un gardien de nuit Dogon dénoncé par sa femme pour utilisation excessive de Viagra…

Quand il fut libéré le matin, à six heures, Kader Konaté, avant de quitter le commissariat, laissa un message de menace à l’inspecteur Diarra. Il lui fit dire que wallahi, lui, Kader Konaté, digne malinké parmi les malinké, jurait sur la tête de tous ses ancêtres, jurait même sur la barbe d’Allah que wallahi bilahi, il n’allait jamais digérer ce plat de couleuvre si mal pimenté d’un Diarra, un vulgaire bambara. Il allait le traquer, l’avoir, et lui faire subir une humiliation dix fois plus grande que celle qu’il lui avait faite. Oui, lui, Kader Konaté, tant qu’Allah et les ancêtres lui prêtaient vie, allait en découdre avec l’Inspol Diarra, le déchiqueter avant de l’envoyer, minable, dans sa tombe, inch Allah !

Il ne retourna pas, K2, chez lui, mais passa chez son ami Bouraima Coulibaly, le boucher, et lui demanda de lui prêter un de ses coupe-coupe avec lesquels il dépeçait les bœufs qu’il abattait. Le boucher Coulibaly, dont on aurait dit au Togo qu’il porte très bien son nom, puisque son nom, « Coulibaly », est utilisé au Togo pour désigner quelqu’un qui n’a rien dans la tête, qui ne comprend rien de rien, le boucher Coulibaly, donc, ce coulibaly, sans même avoir demandé ce que Kader Konaté, qui jamais de sa vie n’avait abattu ni dépecé même une mouche, ferait avec un coupe-coupe de boucher, tira sous sa table l’un des plus longs, des plus effilés, des plus tranchants coupe-coupe qu’il possédait, le tendit à K2 après avoir murmuré trois fois « Bissimilahi », une prière dont seule sa tête de Coulibaly ou sa coulibaly de tête pouvait saisir le sens dans une pareille circonstance.

Ce matin, El Hadj Boubacar Sylla était dans sa cour, drapé dans un long boubou blanc digne du respectable Aladji qu’il était, allongé dans sa chaise longue d’Aladji, un long cure-dent coincé entre ses dents d’Aladji malheureusement rougies par une mastication trop fréquente de noix de cola, savourant, pour la énième fois, les louanges matinales qu’était venu lui chanter son griot personnel, Djeli Ousmane Kouyaté. Depuis son pèlerinage à la Mecque, il y avait deux ans, grâce au pactole gagné de la dot de sa seizième fille Ouleymatou, Aladji Boubacar Sylla, qui n’avait jamais fait aucun travail dans sa vie à part enceinter ses trois femmes et percevoir la dot de ses filles, s’était trouvé pour dada de se faire louanger par le griot Ousmane Kouyaté qui n’avait de griot que le patronyme Kouyaté, puisque ses vraies professions étaient la paresse, la mendicité et le squattage des cuisines de ses voisins et connaissances chaque matin, chaque midi et chaque soir qu’Allah Le Miséricordieux faisait.

Le narcissique Aladji Sylla était, donc, en train de jouir sous les fausses louanges que lui distillait la mielleuse langue du griot-made-in-China quand Kader Konaté, titubant sous la rage, la haine, et surtout l’effet des deux calebasses de tchoukoutou qu’il avait prises en cours de route chez une revendeuse burkinabè, fit irruption dans la cour, le coupe-coupe du boucher Coulibaly brandi de la main droite au-dessus de la tête en criant : « Voleurs, je veux ma dot ou je vous décapite tous ce matin dans cette maison, escrocs, venez reprendre ce microbe que vous m’avez vendu comme femme et remboursez-moi ma dot. Je ne veux plus de votre fille, je ne veux plus de cette fille pourrie, je ne veux plus de cette viande faisandée comme femme, Boubacar Sylla, tu n’es plus mon beau-père, je ne suis plus le mari de ta fille, rembourse-moi le montant d’un million cinq cent mille que je t’ai payé pour la dot de cette prostituée que tu appelles ta fille ou je te décapite ce matin, wallahi bilahi… »

A suivre…


Ce n’est pas par l’odeur du pet qu’on reconnaît un vieux (neuvième partie)

Jeunes filles africaines aux seins nus (Crédit image: lencrenoir;com)
Jeunes filles africaines aux seins nus (Crédit image: lencrenoir;com)

Monsieur l’Inspecteur aime les lolos en vadrouille

Cette nuit, l’Inspecteur Boubacar Diarra était sorti, dans sa Peugeot 306, à la tête de quatre de ses éléments juchés dans la seule fourgonnette qui marchait encore dans le commissariat, il était sorti, cette nuit, le Bouba, chercher le prix du basin de Safiatou, sa troisième et plus jeune femme. Deux nuits déjà qu’elle lui tournait le dos au lit, boudant que s’il ne lui donnait pas, avant dimanche, ses soixante mille francs pour son basin à porter au mariage de sa cousine, eh bien, il pouvait être sûr qu’il allait passer un mois au pain sec, parce que, wallahi bilahi, c’était pas elle, Safia, qui allait ouvrir ses cuisses à un mari incapable de lui payer son basin.

Jeune inspecteur de police mais déjà très chevronné dans les rouages et matoiseries du métier, il avait décidé, cette nuit, de recourir au Plan B qui permettait d’arrondir les fins de mois trop pointues du képi malien : faire une petite patrouille dans le quartier, cueillir quelques noctambules étourdis, leur soutirer de sales billets de banque pour aller fermer la gueule à son pian de femme.

Il avait à peine fait deux ruelles vides, se demandant où ils étaient tous passés, ces zozos qu’il était sorti plumer, quand il entendit des cris de détresse montant d’une ruelle en face, puis vit, surgir sous la pénombre du seul lampadaire qui éclairait cahin-caha les lieux, une jeune fille détalant vers son convoi, hurlant : « Sauvez moi hoooo, on veut me tuer, ce criminel de Konaté veut me tuer… »

L’inspol gara rapidement sa Peugeot, ordonna à ses agents de stopper la fourgonnette, puis sortit pour accueillir la jeune fille qui vint, haletante, se jeter dans ses bras, écrasant contre lui deux gros seins roulant sous la légère robe de nuit qu’elle portait. Frissons. De furtives questions hautement philosophiques traversèrent rapidement l’esprit de Diarra : « Où peuvent bien aller, à une heure si tardive, de si gros lolos plantés sur un corps si frêle et à peine protégés par une si légère robe de nuit ? Qu’est-ce que ça peut bien donner dans un lit de chambre de passe de si gros lolos et une croupe si rebondie ? L’homme, éternel Samson, arrivera-t-il un jour à résister aux nichons et aux popotins de la femme, son éternelle Dalila ? »

Il était en train de peser toutes ces questions dans sa tête tourneboulée, la jeune fille toujours serrée dans ses bras, ses deux botcho XXL toujours écrasés contre sa poitrine, quand une tige de mil de vieil homme, se livrant à quelque chose qui ressemblait à une course, déboucha de la même ruelle d’où avait surgi la fille, et vint se planter devant lui, dans un cliquetis d’os rouillés, le souffle coupé. Il était vêtu d’un long boubou blanc légèrement rebondi au niveau de l’entrecuisse, trahissant une érection qui avait de la peine à se refroidir.

– « Oui, vous êtes qui vous, et pourquoi la poursuivez-vous ? » grogna l’Inspecteur Diarra, Matou toujours serrée contre lui.

– « Je suis le mari de cette fille. Rien de grave, c’était juste une querelle de foyer, mais vous-même vous connaissez les femmes, elles n’existent que pour faire du bruit et… »

– « Menteur, dis plutôt que tu voulais m’assassiner, espèce de vieux criminel, qu’est-ce que tu faisais accroupi sur moi avec une lame ? » coupa « Espace Schengen » revigorée par les bras velus du policier.

Kader Konaté n’eut pas le temps de riposter. L’inspol Diarra, un buisson ardent allumé dans la culotte, justement parce qu’il venait de trouver la réponse à une des questions existentielles qui lui taraudaient l’esprit, ce que pouvaient offrir ces gros et sensuels nichons dans un lit cette nuit si froide, demanda à ses agents d’embarquer dans la fourgonnette ce vieux tueur et son reliquat d’érection, l’amener passer la nuit dans la cellule de détention du commissariat et ne le libérer que le lendemain matin. Il allait se charger, lui, de faire passer la nuit à la jeune fille traumatisée en lieu sûr.

K2 voulut tempêter, hurler qu’il ne comprenait pas ce qui se passait, demander où l’inspecteur de police qui venait d’entraîner Matou dans sa Peugeot amenait sa femme, menacer qu’il allait, lui un cadre incontournable de l’administration malienne, il allait leur créer des problèmes s’ils osaient lui faire passer la nuit au commissariat… mais les agents de police, dans leur rôle de lourdauds, lui demandèrent de la boucler s’il ne voulait pas qu’ils lui disjonctent ses mâchoires et déboitent les dernières dents cariées qui résistaient encore sur les ruines de ses gencives…

La Peugeot démarra, l’inspecteur de police et « Espace Schengen » à bord, et disparut dans une ruelle obscure. La fourgonnette aussi démarra, quelques instants plus tard, Kader Konaté, la bouche cousue de rage et d’humiliation, pris en sandwich par deux policiers, sur la banquette arrière.

A suivre…


Ce n’est pas par l’odeur du pet qu’on reconnaît un vieux (Huitième partie)

Homme âgé d'Afrique (Crédit image: africanhistory-histoireafricaine.com)
Homme âgé d’Afrique (Crédit image: africanhistory-histoireafricaine.com)

Pour qui sont ces poils de mon pubis dans tes mains ?

K2 rentra chez lui avec le somnifère, aussi excité qu’un commerçant guinéen devant le soutien-gorge d’une tapineuse nigériane. Au salon, il dépassa Matou, allongée dans le fauteuil, les yeux rivés sur l’écran de la télévision, la télécommande scotchée sur sa chaîne préférée Trace Africa qui passait un de ses clips préférés, un succès des talentueux X Maleya : « Bouge ton corps si tu aimes, un deux trois, on descend, on descend, on descend yééééyé… »

Elle ne se donna même pas la peine de lui lancer une pestiférée « Bonne arrivée », comme le fait toute femme normale à son mari. « Sale petite peste, on verra si tu continueras de bouger ton corps devant et sous tous les vagabonds de Bamako. Astafourlaï ! Que je sois un Konaté maudit à jamais si tu ouvres encore tes cuisses légères-là à un homme de ce pays à part moi », jura l’inspecteur des Impôts de classe exceptionnelle en rentrant dans la chambre à coucher.

Un vieux lion n’a point besoin de conseil pour attraper une antilope, que dit le dicton. Kader Konaté ne réfléchit pas longtemps avant de savoir quel piège à tendre à « Espace Schengen » pour lui faire boire le somnifère. Vraie friande de jus de fruits, elle en buvait trois à quatre boîtes tous les jours. Le chasseur futé sortit donc, chercha une boîte de jus à la grenadine, l’ouvrit furtivement, y déversa toute la poudre soporifique, la plaça dans le frigo sous l’œil de la Matou, puis alla se placer à l’affût, dans la chambre à coucher, attendant que l’écureuil mît ses pattes dans le piège.
Quand il revint au salon, autour de minuit, sonder le piège, K2, malgré l’état de déliquescence avancée de ses articulations, sauta de joie, voyant Matou allongée sur le plancher, morte de sommeil, ronflant bruyamment, les deux cuisses écartées comme une actrice en chaleur s’apprêtant à accueillir en elle Rocco Siffredi. « Tu te crois forte et rusée non, petite prostituée, aujourd’hui je vais te prouver qu’on ne met pas le doigt dans l’anus d’une tortue », ricana-t-il, revanchard.

Il chercha une lame, enleva doucement la légère robe que portait la jeune femme, ôta délicatement son string, s’étonna un moment qu’elle s’était fait tatouer des formes bizarres sur ses cuisses, et des prénoms de garçons, ses amants sans doute, sur son ventre, voulut éclater en sanglots en criant « Allah, oh Allah, pourquoi m’as-tu ainsi fait cocufier ? », se ressaisit rapidement en concluant que ce qui était consommé était déjà consommé, il fallait juste fermer définitivement le robinet public, et commença, serein, à lui couper les poils des aisselles puis du pubis –elle en avait, alhamdoulilaye ! –

Il sonnait minuit trente minutes quand K2 s’attaqua aux ongles de Matou qui dormait toujours profondément. Minuit trente, heure très avancée dans ce quartier périphérique de Bamako où les habitants normaux avaient depuis longtemps rejoint leur lit, laissant les lieux aux apôtres des ténèbres : la pute ivoirienne ou togolaise rentrant chez elle avec son deuxième client de la soirée, la mariée matérialiste et infidèle partie chercher l’argent de son basin du mariage du dimanche sortant de la chambre des adultères sur la pointe des pieds, le gardien Dogon culbutant au Viagra traditionnel dans une maison inachevée la servante peuhle du voisin, le chômeur de longue date reconverti en voleur de motos Jakarta escaladant son premier mur de la nuit, le dealer ibo à l’affût d’un talibé étourdi à assassiner pour aller vendre le sang et le cœur à des aladjis fétichistes, la blessée de guerre de 26 ans, dévaluée par un enfant bâtard coincé dans le soutif, déversant au carrefour son énième sacrifice pour attacher le cœur de ce jeune diasporique lui ayant promis le mariage depuis quatre ans mais qui ne fait même plus signe de vie…

Minuit trente, heure louche, heure de malheur ! K2 la sentit d’abord pousser un lourd ronflement, puis un petit cri de douleur, il la vit ensuite bouger la tête, puis bouger les cils avant d’ouvrir les yeux. Il l’écouta hurler d’horreur, alors qu’il était, figé d’étonnement, toujours accroupi sur elle, sa lame près de sa main droite dont il coupait les ongles. Il la vit se redresser brusquement sous un grand cri, se voyant nue alors qu’elle s’était endormie habillée, et voyant à côté d’elle, sur un petit mouchoir blanc, ses poils et ongles coupés. Il ne put la maîtriser quand d’un geste brusque elle le poussa des deux mains, l’envoyant s’écrouler, gringalet, sur le plancher, avant de se saisir de sa robe, l’enfiler rapidement, sortir de la chambre en courant, se jeter dans le noir de la cour, hurlant : « Au secours, aidez-moi, aidez-moi hooooooooo, mon mari veut m’assassiner, ce vieux sorcier veut me tuer, hoooooo, aidez-moi, le sorcier Konaté veut me tuer… »

A suivre…


Ce n’est pas par l’odeur du pet qu’on reconnaît un vieux (Septième partie)

Homme âgé d'Afrique (Crédit image: www.matteomaillard.blog.lemonde.fr)
Homme âgé d’Afrique (Crédit image: www.matteomaillard.blog.lemonde.fr)

 

Une « Made in Dubaï », ça ne se caresse pas comme ça

Une « Made in Dubaï » pur jus, la Matou. Depuis trois ans qu’il la connaissait, Kader Konaté n’avait jamais vu ses cheveux naturels qu’elle rallongeait avec des mèches brésiliennes ou indiennes, ou s’arrangeait à cacher sous des perruques tellement broussailleuses qu’elles rendraient jalouses celles de la femme de Paul Biya. Ses cils et sourcils, elle les complétait chaque semaine avec de faux cils, et ses ongles étaient toujours cachés sous des ongles en plastique aussi longs que les serres d’un aigle.
Il avait eu l’audace, une nuit, alors qu’ils étaient au lit, et qu’il croyait, comme tout mari normal, que c’était le moment idéal de faire de petites remontrances à sa femme sans la vexer, il avait, alors, cette nuit, eu l’audace de demander à sa femme pourquoi elle s’encombrait avec tant de faux, qu’elle n’avait pas besoin de toutes ces pacotilles chinoises pour être belle, que lui, son mari, l’apprécierait mieux sans tous ces faux, que… il avait à peine fermé son « groin » de vieux perroquet que la belle Made in Dubaï s’était redressée et lui avait dit, la voix aussi foudroyante que la gifle d’un sourd-muet, que c’était la dernière fois qu’il osait lui parler de ça, qu’elle n’acceptait pas ces embêtements-là, qu’elle ne comprenait pas pourquoi c’est toujours les vieux qui sont aussi rétrogrades , que s’il voulait une femme sans faux cils, eh bien, il n’avait qu’à aller chercher une VDV, une « Venue directement du village », et la laisser tranquille…

Remis à sa place, sa place de vieux rétrograde n’aimant pas les faux cils et les faux ongles, K2 avait filé doux, et plus jamais, n’avait eu le courage d’aborder le sujet, son rôle dans la scène se limitant à donner à Madame 25 000 F CFA chaque lundi pour aller faire sa tête, 15 000 F CFA chaque mardi pour aller faire pédicure et manucure, 10 000 F CFA chaque mercredi pour aller au « Lux Beauté » acheter des cils et des ongles, 15 000 F CFA chaque jeudi pour aller faire « fond de teint plaqué » au salon de beauté de Mame Thiam la Sénégalaise dont le slogan est : « Même une femme africaine peut devenir belle une fois qu’elle entre dans mon salon, impossible n’est pas Mame Thiam »…

Quant aux poils du pubis et des aisselles, Allah lui était témoin, il ne pouvait pas affirmer que sa femme les gardait ou pas. Aussi loin que ses souvenirs le portaient, il s’était vu, la troisième nuit après leur mariage, en pleine Lune de Miel donc, porté par ses élans naturels de nouveau marié, il s’était, alors, vu cette nuit en train de vouloir caresser sa femme sur le pubis. La jeune mariée, étonnée, s’était subitement dégagée de ses bras et lui avait demandé ce qu’il était en train de faire. Etonné, lui aussi, il lui avait répondu qu’il faisait ce que fait tout mari, caresser sa femme où il veut. Matou, enragée, lui avait hurlé que c’était la dernière fois qu’il osait lui faire ça, que c’était de la pure perversion, de la pure ignominie qu’un vieux comme lui, Africain de surcroît, ait encore l’audace de vouloir caresser une jeune fille sur le pubis, qu’il n’avait qu’à rapidement frotter son truc ridiculement pas dur-là contre elle et la laisser dormir au lieu de vouloir faire des caresses comme les jeunes le font dans les feuilletons des Blancs.

Et depuis cette mise en garde, K2 avait enterré tous ses talents de caresseur s’étant toujours contenté de frotter son truc ridiculement pas dur-là contre « Espace Schengen » les très rares nuits où elle voulait bien lui ouvrir ses frontières. Il n’aurait donc pas d’objection à faire s’il arrivait qu’un jour on vienne lui dire que sa femme, avec qui il dormait dans le même lit depuis deux ans, avait des lingots d’or à la place des poils au pubis et aux aisselles, comme il n’y touchait jamais.

Après une semaine d’infructueuses réflexions, Kader Konaté retourna chez le marabout Coulibaly pour lui expliquer l’impossibilité de la mission. Il pouvait tout trouver, affirma-t-il, tout, même la cravache ayant servi à fouetter une pute nigériane, il suffisait d’aller dans l’une de ces multiples boîtes à putes libanaises de Bamako où des putes nigérianes et maghrébines se font fouetter par centaines toutes les nuits. Mais les ongles, cheveux, cils et poils de Matou, il ne pouvait les trouver, wallahi, il ne pouvait les trouver.

Le prophète Karamoko, après quelques simagrées, quelques sauts et quelques petits pets, lui dit en souriant : « Oh, Kader, fils de Konaté, Kader Konaté, grand chef devenu un chiffon pour une petite fille au pagne léger, le piment a beau être méchant, un ver plus méchant que lui loge dans son ventre. Tu auras tout ce que je te demande. La tige de gombo peut s’élever comme elle veut, le paysan la plie pour trancher de son sommet le gombo. Je vais te donner un somnifère. Tu le feras consommer à ta femme demain dans la journée. Elle dormira trois jours et trois nuits, et tu auras largement le temps de chercher sur elle tout ce que tu veux. »

A suivre…