SOS, l’éducation malienne a coulé !

22 janvier 2011

SOS, l’éducation malienne a coulé !

Etudiante d'un institut privé du Mali

J’avais passé une grande partie de la nuit du vendredi dans un maquis ivoirien, en train de l’avaler, je veux dire me saouler la gueule, avec des amis, comme un policier burkinabé à la fin de mois, parlant politique ivoirienne… et filles – bien sûr -, ayant oublié que j’étais invité le samedi pour siéger dans un jury pour une soutenance dans une école supérieure privée de Bamako. J’étais sollicité pour juger la forme du document. Rentré autour de deux heures dans un état indescriptible, je m’étais effondré dans un profond sommeil, pour ne rouvrir les yeux qu’à neuf heures. J’étais en retard pour la soutenance, et je dus appeler pour signaler mon absence en tant que membre du jury, en décidant de m’y présenter au moins comme spectateur, pour ne pas créer trop de frustrations.

Ma première grande grâce de l’année, Dieu venait ainsi de me la faire en m’empêchant de siéger dans le jury de cette soutenance.

L’auteur du mémoire, en fin de cycle DUT (Diplôme universitaire de Technologie) en Informatique de Gestion, qui s’était plu à remplir toute la salle d’une centaine d’invités, avait passé toute la séance à dire  « ma mémoire » pour désigner son document, « la thème », « un entreprise »… malgré les corrections des membres du jury. Le thème sur la page de garde du document et écrit au tableau contenait un « aux Mali » qui m’avait durant toute la séance donné des idées de meurtre. Le document n’était pas justifié, était mal paginé, et contenait plus de trois caractères différents. Le plus énervant, c’est quand notre cher petit salaud se permit de rétorquer, quand un membre du jury lui fit savoir que son document était bourré de fautes de grammaire et de conjugaison, « Non, monsieur, ce n’est pas possible que mon document contienne des fautes, j’ai installé un dictionnaire sur mon ordinateur. »

Eh bien, la grâce que m’avait faite Dieu se trouvait juste là, car j’eusse été membre de ce jury, jugeant la forme de son document, que j’aurais pris un ineffable plaisir à décapiter son brouillon pas même bon à se torcher le cul dont il était si fier, passer plus d’une heure à sortir toutes les fautes grossières qui jonchaient toutes les lignes de son document, bien l’insulter et l’humilier, grand Casanova qu’il était, devant ces belles filles qu’il avait invitées tout seul. Remarquez une petite teinte de jalousie dans ma démarche si vous voulez ! J’aurais même exigé qu’il soit ajourné, qu’il présente un autre document. Et tous ses parents et amis m’auraient détesté, moi un étranger qui barrait la route au bonheur de leur fils. Qui sait même s’ils n’auraient poussé loin leur vengeance en m’expédiant comme un colis des islamistes terroristes vers ma dictature militaire, analphabète et cinquantenaire de pays ?

Le comble du ridicule, c’est quand le jury délibéra et donna une moyenne de 14/20 soit une mention Bien à cet étudiant en Informatique de Gestion qui n’était pas arrivé à expliquer son thème de mémoire, ni définir le terme « système d’exploitation» !

Comment le Mali, le pays de Seydou Badian, d’Amadou Hampâté Bâ, de Yambo Ouologuem, ce pays qui fait partie de ceux-là qui ont offert à l’Afrique ses premiers intellos est-il arrivé là ? Que va devenir ce Mali dans dix ans dans ce processus vertigineux d’intégration et de mondialisation ?

J’étais là, parmi les invités contents, fiers de leur fils et ami qui venait de décrocher la mention Bien, quand je sentis une tape amicale sur mon épaule gauche.

– Bonjour monsieur !

– Quoi, Mariam, c’est toi, hein, mais t’as changé, t’es encore plus belle qu’avant, t’as même pris du poids, mais tu fais quoi ?

Elle faisait partie des premiers étudiants que j’encadrais durant les travaux dirigés quand je commençais mon expérience de prof de Marketing en 2008. Je n’avais normalement pas besoin de lui demander ce qu’elle faisait pour être si bien habillée. Une Malienne bien habillée, il faut toujours voir un homme derrière. D’abord. J’aurais dû lui demander « Mais dis-moi, que fait ton mari, quel âge a-t-il ? »

– Monsieur, j’ai commencé à travailler, j’occupe une poste de gestionnaire au direction générale des Impôts.

Dégoûté, je me rappelai la mise en garde d’un de mes compatriotes quand je venais d’arriver au Mali, et que je poussais des cris d’étonnement devant l’extraordinaire beauté de la quasi-totalité des Maliennes, « Eh bien, toi qui aimes tellement le français, sache que derrière ces beaux visages que tu apprécies tant, se cachent des fautes grossières qui peuvent te faire vomir tous tes intestins ! »

Membre du jury d'une soutenance au Mali en 2009

Partagez

Commentaires

Tod
Répondre

Thanks for the interesting information :-)

David Kpelly
Répondre

It's on!

Charles Lebon
Répondre

Slt Kpelly!

J'ai lu attentivement cet article. Cependant je ne sais pas si tu dois ou bien si tu peux effectivement, en partant de cette observation à la soutenance d'"un" malien, conclure à ce que ton titre évoque:"l’éducation malienne a coulé !”.

Je crois que ce que tu appelle "des fautes grossières" répondent beaucoup plus à des facteurs pshycho-sociologique que nous devons chercher et définir.
Je ne crois pas qu'il s'agit d'une baisse de niveau comme je te l'ai entendu une fois dire dans une émission sur RFI.

Peut-être que nous sommes en tain d'assister à une sourde révolution contre la "norme" littéraire?

Julien M.
Répondre

Comment expliques-tu cette évolution dans la maîtrise de l'orthographe? Tu penses réellement que cela se généralise au Mali?

Bien à toi

David Kpelly
Répondre

Le Mali est pris jusqu'au cou, cher Julien. Tous les pays de l'Afrique francophone sont touchés, mais le cas du Mali s'avère plus grave!
Amitiés!

Dodzi
Répondre

Et bien, le mali est un cas parmi les autres pays d'Afrique. La remarque que j'ai faite est que la capacité intellectuelle décroit de génération en génération. Même arrivé en l'université, les fautes ne cessent d'affluer, hum... peut-être c'est le nouveau français oui le nouveau français sonore; peut-être c'est la phonétique qui est mieux appris. Non c'est sérieux, une grande réforme de l'éducation s'avère très nécessaire. »

David Kpelly
Répondre

Mon cher Zarathoustra
J'enseigne au niveau supérieur depuis plus de deux ans au Mali, et je peux t'affirmer que le niveau de l'éducation malienne en particulier, et de l'Afrique francophone en général, a complètement baissé. Il faut réellement une réforme, comme l'a proposé l'ami Dodzi
Amitiés!

David Kpelly
Répondre

Une réforme s'impose et très urgemment, mon cher Dodzi.
Amitiés!

New York Reseguide
Répondre

i have visited this blog a few times now and i have to tell you that i find it quite good actually. keep the nice work up! :p

Peking Reseguide
Répondre

continue with the the good work on the site. I like it. Could use some more frequent updates, but i am quite sure you got some more or better things to do like we all have to do unfortunately. :p

Reseguiden
Répondre

i have begun to visit this site a few times now and i have to say that i find it quite great actually. keep the nice work up! =)

resor
Répondre

i've checked this cool site a few times now and i have to tell you that i find it quite great actually. it'll be nice to read more in the future! :)