L’Ivoirienne s’agenouille pour sucer
Supportrice de foot ivoirienne
Je fréquente beaucoup les bars et boîtes ces temps-ci. Je suis un homme déprimé. Voici presque deux mois que ma femme Ruth m’a quitté. Elle m’avait surpris un soir, alors que j’étais en train de m’amuser, juste m’amuser au salon avec Djénéba la bonne sénégalaise de ma voisine qui ressemble à une Togolaise ou une Béninoise parce qu’elle est trop courte, ramassée et potelée. Ruth s’était écriée, ivre de rage, de jalousie et de stupéfaction, Hein, David, qu’est-ce que je vois-là hein, après tes étudiantes tu vas maintenant commencer à me tromper avec des bonnes, hein, quel sale porc tu es, imbécile, au lieu de penser à payer ma dot t’es là à me tromper tous les jours, la semaine passée tu as donné un faux rendez-vous à mes parents, prétextant que le capitaine Sanogo et ses soldats avaient barré les routes et t’avaient empêché de venir payer la dot, quand moi je subis les représailles, les injures et les railleries de mes parents et amis parce que j’habite gratuitement chez toi, t’es là à me tromper avec n’importe quel microbe, j’en ai marre, tu comprends, hein, marre marre marre, je m’en vais chez mes parents, tu viendras me chercher quand tu auras fini de faire le tour de tous les culs de la terre, et que tu auras rassemblé la totalité de ma dot, sale vaurien. J’avais supplié en simulant une voix pleureuse, Non, Ruth, ma Ruth à moi, ma petite tasse de chocolat, tu vas pas me faire ça hein, écoute, laisse pour le moment cette histoire de dot-là parce que chez nous au Togo c’est pas notre affaire, la dot, l’exemple nous vient du sommet de l’Etat, regarde notre président Faure Gnassingbé qui a plus de quarante ans, plus de vingt gosses, mais qui n’est toujours pas marié, qui n’a jamais payé la dot d’une femme, il ne fait que s’envoyer toutes les filles du pays, même les copines des footballeurs, et comment veux-tu que moi qui n’ai même pas encore trente ans je paie ta dot, hein, oublie-ça, mon amour, et puis regarde cette fille, tu imagines que moi je peux me la taper, hein, jamais, elle est trop courte, trop potelée, pas belle, elle ressemble à une Togolaise ou une Béninoise, je ne peux jamais tirer sur elle, même Jacob Zuma ne tirerait pas sur cette fille, crois-moi, mon amour, je… Elle avait ramassé ses effets, avait claqué la porte.
La nuit c’est la nuit, tous les chats sont gris, au programme, aucun rendez-vous, c’est vrai on n’a rien mais on consomme jusqu’au matin, ce qui est sûr on est là, c’est Dieu qui nous protège, tôt ou tard, le jour va se leveeeeeeeeerrrrr… » Ce que j’aime des bars et coins chauds des Ivoiriens c’est cette débauche de lubricité, de dévergondage et de nymphomanie dont font preuve les Ivoiriennes. Tu rentres dans un coin chaud ivoirien même sans un centime mais tu en ressors après quelques heures avec une Ivoirienne sous le bras, celle-là même qui t’a bourré de bière, et t’invite à gratuitement tirer ton coup parce que tu as une belle chemise, tu as un joli Sebago, tu as une jolie chaîne au cou, tu ressembles à un ex à elle, tu as une fois fait Abidjan, tu connais une copine d’une copine d’un cousin à elle, tu habites pas loin de sa maison… Ah, les Ivoiriennes, la générosité faite femmes ! Elles ne sont pas aussi chiantes et crève-les-poches que ces petites Maliennes qui même quand tu leur dis Bonjour, te répondent, Hééé tchè, j’ai besoin de 25 000 francs pour mon basin, j’ai un mariage dimanche. Les Ivoiriennes sont des reines, travailleuses, généreuses, niqueuses. Si je crève sans avoir pu en épouser une, qu’on m’incinère et répande mes cendres le long de la Rue Princesse d’Abidjan. Je leur consacrerai d’ailleurs très bientôt un bouquin, un bouquin à leur générosité, que j’intitulerai, pour un clin d’œil à mes mentors Dany Laferrière, Comment sodomiser une Ivoirienne sans dépenser, ou Kangni Alem, l’Ivoirienne s’agenouille pour sucer. Sans doute le livre qui me fera élire à l’Académie française pour, enfin, faire chier Senghor qui même d’outre-tombe continue de nous en mettre plein les tympans qu’il est le seul Africain à avoir siégé dans la plus prestigieuse maison de retraite de France, comme le jeune comédien et humoriste français Nicolas Bedos désigne l’Académie française.
Prends-moi cadeau hooo, allez cadeau hooo, prends-moi cadeau hooo, allez cadeau hooo amène-moi où tu veux, fais de moi ce que tu veux… Je m’apprêtais à me lever, comme un automate, porté par les vapes des cinq bouteilles de Flag ou de Castel que j’avais vidées, je ne fais jamais la différence entre les deux, je m’apprêtais donc à aller prendre une des petites danseuses cadeau hooo, quand des lèvres froides se posèrent sur ma nuque. Un frais parfum m’envahit. Une fille ! Dieu est avec moi. Et pourtant depuis la Saint-Sylvestre 2009 je n’ai plus jamais mis pied à l’église. Que la miséricorde du Seigneur est grande ! Je tournai la tête.
– Héééééé, Fatim, tu fais quoi là habillée comme ça hein, vous êtes en vacances ou quoi, hein, et Casa, Mahamed VI, il va bien et…
– C’est fou comme t’es fou toi, David, tu croyais donc vraiment que j’étais au Maroc, hein, j’irai chercher quoi au Maroc parmi ces arabes hypocrites et barbares, hein, et puis cesse de m’appeler Fatim, mon vrai nom est Audrey, je suis Ivoirienne, donc t’as cru pendant tout ce temps-là que je suis musulmane, que je vis au Maroc, hein, t’es aveugle comme tout le monde, et pourtant tu parais si intelligent, comment tu vas, me dis pas que toi aussi tu fréquentes ces coins chauds, ah, quand la perversité nous tient !
Septembre 2011. Aéroport de Bamako Senou. Porté par cet orgueil qui anime toujours dans les aéroports ceux-là qui ne prennent pas fréquemment l’avion, je bondis, Casanova, sur une jeune fille manipulant un Smartphone aussi aisément que le capitaine Sanogo racontant des mensonges sur la chaîne nationale de télévision malienne. Dieu seul sait d’où me vient toujours cette pulsion de draguailler dans les aéroports. Je m’apprêtais après l’avoir saluée, demandé son nom et sa destination, à lui faire mes blagues à deux balles pour qu’elle me trouve drôle, les filles étant suffisamment bébêtes pour toujours admirer les types drôles, même quand ils sont aussi laids qu’un chimpanzé veuf, quand une voix d’homme l’interpella derrière moi. Histoire de me dire qu’elle était accompagnée, que j’étais en train de sortir de la chaussée. Bonne conduite, respectez le code de la route, monsieur. Je filai doux et m’éloignai d’elle. Mais avant que je me dirige vers la salle d’embarquement, elle profita d’un cafouillage pour me glisser, à l’insu de son chien de garde, une petite note, Fatim X, Catch me on Facebook. Je la cherchai et la trouvai sur Facebook le lendemain. Fatim X, A étudié à : Hautes Etudes Politiques de Casablanca, Habite à : Casablanca. Elle nourrit presque quotidiennement sa page Facebook de photos prises un peu partout à Casablanca, dans des salles des cours, avec ses camarades de classe… Bonne étudiante. Bizarre que je la trouve à Bamako dans cette boîte ivoirienne de basse classe, fringuée comme une tapineuse expérimentée.
– Fatim, euh, je…
– Mon nom c’est Audrey, cesse de m’appeler par ce prénom musulman, ça fait moche.
– Tu fais quoi là, tu habites au Maroc et…
– Sur ma page Facebook et dans les photos, oui, mais tu sais qu’avec l’informatique tout le monde peut habiter partout dans des photos. Je travaille dans cette boîte depuis plus de cinq ans, je n’ai jamais bougé d’ici, et comme tu me vois habillée, tu sais ce que je fais. Le Maroc, ma page Facebook, toutes ces photos, mon faux nom Fatim, c’est pour déplumer ce vieux toutou avec lequel tu m’as vue à l’aéroport, il croit m’avoir inscrite et envoyée au Maroc pour m’épouser après mes études, ces imbéciles ont tellement volé l’argent de ce pays qu’ils ne savent même plus ce qu’ils font.
– Et t’as pas peur qu’il te surprenne un jour dans les rues de Bamako ?
– Hi hi hi, t’es naïf toi, je sors toujours voilée pendant la journée, on est dans un pays musulman, hein, c’est ça l’importance du voile, dommage que certaines femmes musulmanes ne veulent pas piger le message, tu niques à merveille et avec n’importe qui sans qu’on te reconnaisse, hi hi hi.
– Hum, je, tu…
– Je comprends ta surprise, regarde comme tu sues d’étonnement comme un Chinois devant un film porno nigérian, tu as dépéri, t’as quel problème, hein.
– Voici presque un mois que mon passeport est bloqué au Togo, alors que je dois bientôt voyager et…
– T’es fou, hein, c’est quoi un passeport, donne-moi le numéro du directeur du service des passeports de ton pays et demain je prends un vol pour te récupérer ton passeport, ou je te cherche un passeport ivoirien, ou sénégalais, ou malien dans deux jours, bon le passeport malien je peux même te le faire demain avant midi, avec ton nom et tout, t’es mon pote et je veux t’aider.
– Tu es folle toi, tu crois qu’avoir un passeport c’est s’acheter un hamburger hein, lui fis-je, croyant qu’elle plaisantait.
– C’est toi qu’es fou, mon vieux, t’as déjà vu un directeur refuser un passeport ou quoi que ce soit à ça hein, pouffa-t-elle en descendant légèrement sa minijupe, me faisant voir le fil de son string et trois rangées de perles en métal brillant dans la pénombre.
Aïeeeeeeeeeee ! Sapeurs pompiers, ma tête, ma têtooooooooooooooooo ! Elle comprit qu’elle venait de m’allumer, arbora un petit sourire et me murmura :
– Quoi, tu veux tirer un coup ou quoi hein, t’es plus inquiet pour ton passeport, hein, eh bien, on va faire ceci, je te pose une condition, tu tires ton coup et je ne te cherche plus un passeport, ou tu ne tires pas et t’as un passeport ivoirien ou sénégalais ou malien dans deux jours. Choisis.
Embarrassé, j’étais en train de me demander ce que je voulais réellement, un passeport pour voyager, ou un coup pour soulager mes frustrations de nouveau divorcé-forcé déprimé, quand me saisissant par la main gauche, elle m’entraîna sur la piste de danse où les danseuses et danseurs s’étaient déchaînés, Séka, séka, séka, séééééééééééééééka séka !
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