En attendant le dernier soupir du dernier Libyen !

Il est parfois dur de balancer certaines vérités, mais cela arrive des fois de soi. Il faut les sortir pour être soulagé. Certains jeunes Africains inspirés par des pseudos intellectuels médiocres, nuls, nuisibles, tiennent des fois des propos tellement bébêtes que l’on se dit qu’avec une jeunesse comme celle-là, eh bien, notre chère Afrique des fiers guerriers – allez les voir, ces fiers guerriers- dans nos savanes ancestrales, risque d’être, éternellement, ce qu’elle a toujours été, comme nous la connaissons, une véritable merde à faire vomir de dégoût.
J’avais hier, samedi 05 mars, comme presque tous les premiers samedis du mois, donné une conférence à des étudiants en Marketing et Communication des instituts supérieurs privés maliens où je donne des cours. Et, comme d’habitude, après les deux heures de conférence, nous avions eu une heure de débat sur l’actualité africaine. Un véritable regret !
« Monsieur, vous devez comprendre ceci, je n’affirme pas que Kadhafi a raison de tuer les Libyens, mais le problème est que ce monsieur est en train de défendre les intérêts de la Libye contre les pilleurs de l’Occident. Les Libyens, Kadhafi les a complètement mis à l’aise. Pourquoi se révolteront-ils ? Ce sont les Occidentaux qui les manipulent, pour faire quitter Kadhafi et avoir la mainmise sur le pétrole libyen. Kadhafi est un panafricaniste et il a toujours prôné la création des Etats-Unis d’Afrique qui ne se réalise toujours pas parce que les autres chefs d’Etat ne sont pas avec lui. Il faut des présidents comme lui et Gbagbo pour faire émerger l’Afrique et la libérer du joug des Occidentaux. La françafrique, on en a marre ! ». La cinquantaine de ses camarades avaient applaudi, satisfaits, noyant le profond soupir de désespoir que j’avais poussé. De quoi le porter en triomphe sur des milliers de kilomètres, lauriers autour de la tête, par certains intellos noirs de la France, la Franco-Camerounaise Calixthe Beyala en tête. L’Afrique et ses panafricanistes !
Et le problème de l’Afrique est là. Juste là. Toujours là à se gaver de chimères, d’utopies, de mensonges, ce continent ! Il suffit aujourd’hui que l’Occident, la France, la pauvre, surtout, s’ingère dans les affaires d’un pays africain pour protéger un peuple qui se fait massacrer par un tyran que ce dernier trouve un argument pour justifier sa tuerie, ses opposants sont manipulés par la France et l’Occident avides des richesses de ce pays. Et la stratégie marche très facilement. Le seul moyen aujourd’hui pour un dictateur assassin africain de se faire aimer, glorifier par les leaders d’opinion africains est de provoquer le courroux de l’Occident, la France surtout. Il peut donc massacrer à satiété son peuple, invoquant la légitime défense de son Etat souverain – ah, ce terme de la souveraineté -, avec la bénédiction de nos médiocres intellectuels, hélas, très écoutés.
Kadhafi panafricaniste prônant, désirant la création des Etats-Unis d’Afrique, défendant la Libye et toute l’Afrique contre les Occidentaux ! Horreur !
Kadhafi a bel et bien été, il a été, bien sûr, un symbole, un grand symbole pour toute l’Afrique, pour avoir pendant des décennies tenu tête aux Occidentaux, parfois au prix de sa vie. Et l’Afrique en a besoin, ces symboles. Laurent Gbagbo l’a aussi été, à sa manière, pour toute l’Afrique noire. Il faut des hommes de ce genre, pour montrer surtout à la jeune génération africaine que leur continent n’est pas destiné à toujours se soumettre à l’Occident. Mais une fois que ces symboles, pour s’accrocher au pouvoir, juste s’accrocher au pouvoir, commencent par assassiner leurs peuples, eh bien, ils deviennent des calamités, de véritables catastrophes dont l’Afrique doit se débarrasser. Si Laurent Gbagbo, invoquant la défense de la souveraineté de la Côte d’Ivoire, peut aujourd’hui massacrer des Ivoiriens, des Ivoiriennes, qui ont voté et qui réclament que leur volonté soit respectée, s’il peut voir son peuple ahaner aujourd’hui sous toutes ces sanctions internationales qu’il ne sent pas lui, s’il peut voir sans frémir que les rebelles sont prêts une fois de plus à semer la mort en Côte d’Ivoire, il est tout simplement un vulgaire assassin à poursuivre par la Cour Pénale Internationale. La souveraineté de la Côte d’Ivoire, c’est au peuple souverain de la Côte d’Ivoire de la défendre, et non à un dirigeant pas même élu.
Kadhafi, ah Kadhafi ! Ce débat indigeste que j’ai eu avec ces adeptes de ce panafricanisme du sang m’a fait voir des vidéos sur différents sites d’informations sur les tueries dans les différentes villes de la Libye. Des horreurs ! Le journal www.leparisien.fr détaille, sous le titre Libye : les insurgés progressent vers l’Est, massacre à Zaouïa avec des vidéos – très choquantes – les massacres organisés par les mercenaires de notre grand panafricaniste, roi des rois d’Afrique, contre les opposants. Des dizaines de morts et des centaines de blessés !
Kadhafi est un terroriste ! Un paria infréquentable ! Un Président qui peut tuer un seul de ses administrés, pour quelque raison que ce soit est un assassin ! Comment un monsieur qui n’est même pas capable de maîtriser, sans violence, son peuple révolté contre sa dictature cinquantenaire peut-il aider l’Afrique à s’unir ? Kadhafi qui tue aujourd’hui par milliers des Libyens frémira-t-il un jour, quand il sera bien évidemment le président des Etats-Unis d’Afrique, avant de faire tuer des Algériens, des Congolais, des Maliens, des Tunisiens, des Togolais… qui se révolteront contre lui ? Ah, chers adeptes du panafricanisme, vous qui défendez l’Afrique contre l’Occident, vous n’y aviez donc pas pensé. Vous ne savez pas que vos guides qui vous aideront à former vos Etats-Unis d’Afrique, pour vous libérer de l’Occident, ne sont que des tyrans bourrés de mégalomanie qui peuvent accepter tout perdre sauf le pouvoir !
Rien ne semble arrêter le libérateur de l’Afrique, le défenseur de la souveraineté de l’Afrique contre l’Occident. Kadhafi massacre son propre peuple, un peuple qu’il dit aimer – et qui l’aime, dit-il – avec tous les moyens à sa disposition. Ah, il ne les massacre pas, il les défend, il défend leur pays, il défend l’Afrique contre les Occidentaux, les voleurs ! Et il le défendra, ce peuple qu’il aime comme il l’affirme, jusqu’à la dernière balle, jusqu’au dernier soupir du dernier Libyen. Et, perché sur la montagne de cadavres des millions de Libyens qu’il aura tués, sous les yeux jaloux de l’Occident vaincu, il proclamera aux cadavres « Peuple libyen, te voilà, enfin, libéré de l’Occident, tu es maintenant souverain, et tu peux maintenant jouir en toute liberté de toutes tes richesses, pourvu que je sois toujours ton guide, pas ton président, mais ton guide. »
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