Qui veut éviter la guerre colorie son béret

Article : Qui veut éviter la guerre colorie son béret
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9 février 2013

Qui veut éviter la guerre colorie son béret

Amadou_Haya_Sanogo_603140492Le Capitaine Sanogo et son béret vert

Bamako s’est réveillée, encore réveillée, ce matin du 08 février 2013 sur la panique. Pas devant un attentat-suicide perpétré par les islamistes chassés des villes du Nord-Mali, l’une des plus probables menaces qui pèsent actuellement sur la capitale malienne et qui a poussé les autorités maliennes à prendre de grandes mesures de sécurité et décréter l’état d’urgence. Pas devant de mauvaises nouvelles venues du front au Nord. Pas même devant un affreux accident quelconque. Mais devant des affrontements entre des militaires, des militaires de l’armée malienne. Un camp des bérets rouges situé en plein cœur de Bamako, le camp Para du quartier Djicoroni, venait d’être attaqué par des bérets verts. L’objectif était d’y déloger des bérets rouges qui refuseraient, sur les ordres d’un supérieur hiérarchique, d’aller combattre les islamistes-terroristes au Nord, aux côtés des troupes françaises et africaines.

On joue la comédie, disait l’autre. On joue la tragédie, est-on tenté de dire dans le cas malien. La tragédie ! Des militaires français et africains qui se battent farouchement au Nord-Mali contre les islamistes, et des militaires maliens qui se battent entre eux à Bamako pour une histoire de couleur de béret. Voilà le tableau, celui de la tragédie du Mali.

Des militaires de l’armée malienne qui se tirent dessus, faisant des blessés et même un mort, pendant que leurs concitoyens et frères d’armes sont en train de se sacrifier pour sécuriser des villes minées par les islamistes, pendant que des soldats français sont en train de suspendre minute après minute leur vie à Tombouctou, Gao et Kidal, à des milliers de kilomètres de leurs amis et amours, pendant que des militaires tchadiens, nigériens, togolais, nigérians… défient au prix de leur vie toutes les horreurs et atrocités dont sont capables des terroristes sentant leur défaite… des militaires maliens qui se battent entre eux, laissant aux militaires d’autres pays la charge de défendre le pays qu’ils sont censés défendre, protéger les populations qu’ils sont censés protéger, combattre l’ennemi qu’ils sont censés combattre. Presque incroyable, ce tableau.

Voilà des hommes éhontés, indignes, lâches, louches, hideux, cyniques, des tartuffes qui, pour leurs petits intérêts d’usuriers de mauvaise foi, sont prêts à complètement précipiter le Mali dans ce gouffre dont il est si proche aujourd’hui. Ces hommes avaient passé tout leur temps, dépensé toutes leurs énergies, utilisé toutes leurs stratégies pour s’entretuer depuis mars 2012, planifiant des coups d’Etat et des contre coups d’Etat, fragilisant l’autorité, faussant la hiérarchie, laissant la voie libre aux rebelles touaregs et aux islamistes pour prendre sans défense en quelques jours toutes les grandes villes du Nord-Mali. Pendant un an, ils se sont vidés pour s’envoyer en prison, se poser des pièges, quand les islamistes-terroristes, dopés de cocaïne, violaient des jeunes filles au Nord, tuaient à coups de pierres et de fouets des jeunes garçons, amputaient de vaillants hommes, droguaient, armaient et endoctrinaient de petits enfants, détruisaient des monuments…

Ces charlatans sont restés à Bamako et à Kati, suivant, insensibles, le carnage perpétré sur leurs vaillants frères au front devant les islamistes, ils auraient assisté sans broncher à la prise de tout le Mali par les assaillants, n’eût été la salvatrice intervention française. Et ils n’ont pas compris, ces ratés, qu’ils ne doivent même plus oser se faire voir, qu’ils doivent se cloîtrer chez eux pour digérer la honte qu’ils ont, la honte qu’ils sont, d’avoir laissé le pays qu’ils sont censés défendre entre les mains de militaires venus d’ailleurs, qu’ils doivent enlever leurs bérets dont les couleurs leur coûtent si cher, enlever leurs treillis qu’ils ne méritent plus, qu’ils n’ont d’ailleurs jamais mérités, et rejoindre les petits comités des lâches, leur élément, leur régiment. Ils n’ont pas compris, ces apostats, que chaque signe de division qu’affichera désormais l’armée malienne sera une source de motivation, une lueur d’espoir aux terroristes qui sauront que le Mali leur sera très facile à déstabiliser, à prendre.

La guerre au Nord ne sonne désormais dans leurs oreilles, à ces bérets multicolores de Bamako et de Kati, que comme un lointain écho cauchemardesque.

« Je suis préoccupé par le Nord », a répété pendant presque un an le capitaine Sanogo, le béret vert qui avait, en mars 2012, détrôné le président malien démocratiquement élu, qui avait promis aux Maliens, pour justifier son putsch, d’aller libérer le Nord-Mali dans les plus brefs délais, mais qui s’était rapidement reconverti dans l’art d’emprisonner, de traquer et de déshabiller les bérets rouges selon ses humeurs, qui avait d’ailleurs menacé de dissoudre ce corps, les accusant de contre-putsch, de terrorisme, de corruption, de détournement de fonds, de haute trahison… Quel chemin parcouru quand on sait que le grand putschiste préoccupé par le Nord, qui n’a curieusement depuis son putsch jamais tiré une seule balle sur le plus étourdi des envahisseurs du Nord, cherche désormais un poste dans l’administration à Bamako, des postes de diplomates à l’étranger et des retraites dorées à Bamako pour ses acolytes, loin du Nord – on se demande ce qu’ils ont fait comme travail pour demander une retraite !

A quoi bon aller encore se battre au Nord quand les frères étourdis de l’armée malienne qui ne savent même pas faire des coup d’Etat s’y battent déjà, quand les soldats français qui adorent tant la mort s’y font déjà tuer, quand les soldats africains du Tchad, du Niger, du Togo… ces hères qui n’ont jamais connu le privilège d’être un putschiste, encore moins l’honneur de porter un béret rouge, affrontent déjà les islamistes ? Moralité de l’histoire : « La couleur d’un béret, qu’elle soit verte ou rouge, ça se savoure dans un bureau, ça se trinque au frais, loin des fronts, loin de la guerre. » Parole de nos bérets rouges et verts. Ceux de Bamako et de Kati.

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Commentaires

Mohamed SNEIBA
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La vérité, rien que la vérité. Je dirai que toute la vérité est là. J'ai évoqué le même sujet quand le "capo" Sanago avait poussé dehors le Premier ministre Cheikh Modibo Diarra alors que le devoir l'appelait ailleurs. L'armée malienne doit se racheter en éliminant de ses rangs les Sanogo et Cie.

serge
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bien dit , beaucoup oublie que meme l'actuel président ne jouie d'aucune légitimité, il a été placé au pouvoir par les capitaines. Danger! Ne pas installer une dictatures des capitaines au Mali, celles des colonel en Grèce et au Brésil ont fait des dégats...

David Kpelly
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Soit, mon cher, je crois que Sanogo devient trop encombrant pour le Mali!

michouthe
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Mon cher David il l'est déjà, il reste aux autorité civils de s'affranchir définitivement de son joug; il faut tout simplement l'éléminer de scène publique.

David Kpelly
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C'est mieux pour lui, cher Michel.
Amitiés

Réndodjo Em-A Moundona
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Je commence par me demander ce que font nos forces sur ce front quand les interéssés au lieu de leur venir en renfort, se disputent plutôt l´importance de leur couleur de béret. Le réel mal de l´Afrique, c´est toi Sanogo et tes semblables.

David Kpelly
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Oui, Mouna, en tant que Tchadienne, je te comprends. Je m'étais moi-même énervé quand j'ai appris par les rumeurs la mort d'un soldat togolais au front. Nos soldats se font tuer alors que les militaires maliens-même s'affrontent pour de petits intérêts. Sanogo, encore lui, toujours lui!

Réndodjo Em-A Moundona
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J´aurai raison. Nous pleurons nos morts depuis hier. Dave, ton absence commence par ce faire sentir par ici. J´espère tu te portes bien.

David Kpelly
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Je te comprends Mouna. Moi qui ne suis pas Tchadien je m'énerve chaque fois qu'un militaire tchadien meurt dans cette guerre que ces lâches militaires maliens refusent de faire. Des conneries, tout ça!

Faty
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j’étais bien tenté d’écrire une billet sur le même thème, mais à la fin je me suis dite qu'ils n'en valait même pas la peine, tellement ces "choses" (car je ne trouve point de nom pour les qualifier) m'ont déçu et tu l’écris vraiment de belle manière. tu as tu as trouvé les meilleurs mots qui pour eux:éhontés, indignes, lâches, louches, hideux, cyniques c'est décevant!

Madjé
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David Kpelly, alokpa dédé! Fofo yé wo nyi laaaaaaaaaaaaaaaa!

David Kpelly
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Salut, cher Madjé! Akpé na wo kaka laaaaa! Lémaaaaaaa????

Demba
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Vous êtes le champion du franc-parler. Félicitations et courage pour votre combat.

serge
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j'étais habitué à voir mon pays la RDC comme le pire en Afrique, un cas freudien classique; et c'est avec tristesse que je suis les événnements au Mali. Pouvu que les choses se passent autrement là-bas.

David Kpelly
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Le Mali tombe de plus en plus bas tous les jours, cher Alain, à cause d'un petit capitaine râté lâche fauteur de coup d'Etat! La honte!

Nany
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On conjure le sort pour éviter la chaos qui se profile à l'horizon....pauvre Mali, pauvre Afrique...tout porte à croire que nous sommes maudits quelque part....triste!!!!

David Kpelly
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On touche donc du bois pour que mon pays d'adoption se relève très vite. Comment tu vas, la nanyette?

RitaFlower
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Tout cela pour une histoire de beret rouge et vert. Nous touchons vraiment le fond chers militaires maliens.Votre division au sein de l'armée malienne ne fait que vous affaiblir davantage,alors de grace ressaisissez-vous et délivrez ensembles le Nord-Mali.

David Kpelly
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Viens-nous le mettre en ordre, maman! Comment tu vas?

RitaFlower
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A vos ordres,capitaine Kpelly!j'arrive.Je vais bien.

Eliane Lawson
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Bébé, ce vilain Sanogo est trop dangereux, arrête de parler de lui. Ta plume est trop belle pour parler de cette ordure ménagère.