Comment boire des Flag avec une Tchadienne sans se retrouver dans le lit d’un Nigérian (Troisième Partie)

22 décembre 2013

Comment boire des Flag avec une Tchadienne sans se retrouver dans le lit d’un Nigérian (Troisième Partie)

 

Boîte de nuit à Abidjan (Crédit image: www.senego.net)
Boîte de nuit à Abidjan (Crédit image: www.senego.net)

Résumé de la deuxième partie : Le héros, jeune Togolais vivant à Bamako, se rend dans un bar bamakois, où il est invité, en pleine nuit, par un ami tchadien, à venir prendre un verre avec des étudiantes tchadiennes fraîchement débarquées à Bamako.                         ……………………………………………………………………………….

Il me fallut plus de dix minutes de lutte pour échapper à l’assaut des tapineuses prépubères qui s’étaient ensemble abattues sur moi, une fois à l’entrée du bar, me présentant leurs marchandises par de mielleux « Chéri, essaie-moi ce soir, tu ne m’oublieras jamais », « Bébé viens, je suis une magicienne, tu entres en moi par le grand trou et tu en sors par le petit, je ne suis même pas chère si c’est avec des beaux gosses comme toi », « Je sais que tu bandes grave, chaton, et c’est pour moi seule », « Ouye, ouye ouye, ouiiiiii, je te sens déjà en moi, mon étalon, que t’es viril » … les plus rodées en marketing me proposant même des essais gratuits en se saisissant de mes mains et les dirigeant vers leurs entrecuisses éhontés. Derrière moi, j’entendais une voix dont je devinais très bien l’auteur, me criant : « Mais, mon frère togolais, tu attends quoi pour sauter sur elles, hein, toutes ces petites princesses veulent de toi et tu es là à les regarder comme un chat regardant une musaraigne morte ! Moi à ta place je les aurais déjà rendues toutes enceintes sur-le-champ, dis-moi, si tu as honte de le-leur faire devant les gens, viens je te passe mon taxi pour quelques minutes, tu te soulages propre, tu me paies juste deux mille, hooooo, qu’elles sont belles, ces filles, hooooo, hoooo, hooooo ».

Mahamat vint me chercher et me lut la notice d’utilisation de nos deux cavalières. « Ecoute, mon ami, au téléphone je t’ai dit que ces filles sont mes cousines, je t’ai en fait menti, la relation familiale qui me lie à elles est aussi inexistante, aussi impossible qu’une histoire d’amour entre Angelina Jolie et le capitaine Sanogo. Elles sont des amies à un cousin à moi qui me les a recommandées. Je gère une et tu prends l’autre. Je préfère te voir avec elles que de les laisser à la merci de ces jeunes Maliens qui ne feront que leur irriguer le cerveau avec ce mauvais thé qu’ils prennent à longueur de journée. Je te laisse d’abord choisir et je prends celle qui reste. Ecoute, ces filles sont des enfants de riches, leurs papas sont ceux qui pompent tout l’argent du pétrole tchadien, donc à toi de jouer. Comme toute fille de riche qui se respecte, elles sont naïves, et il suffit de leur dire je t’aime avec un air de clown qu’elles se jettent dans tes bras en larmes, comme ça, gratuitement. Allons-y, elles nous attendent. »

Nous étions sur le point d’entrer dans le couloir menant aux entrailles du bar quand un brouhaha subit monta derrière nous. Un petit groupe se forma sur-le-champ. Nous nous approchâmes. Une jeune fille, venue dans une 4X4, venait de déshabiller une péripatéticienne, sa partenaire, qu’elle accusait de la tromper. Cela ne suffisait pas à cette pétasse, se plaignait la cocue, de la tromper avec toutes ses amies, elle la trompait maintenant avec des hommes, elle se prostituait, alors qu’elle lui donnait tout ! Oh, les femmes ! Bon, les femmes-femmes, parce qu’elle était une femme-homme, elle ! L’infidèle, la femme-femme, poils aux vents, se défendant, refusait de rentrer dans la 4X4 de sa partenaire qui l’y poussait de toutes ses forces. Elle en avait marre, marre, marre, disait-elle, des coups de jalousie de son gars-femme qui ne pouvait s’empêcher de faire des scandales chaque fois qu’elle la voyait avec d’autres filles, qu’est-ce qu’elle croyait, hein, son gars au féminin, elle n’avait qu’à aller se faire foutre !

En poussant un long juron de rage, Mahamat me tira de la main, me demandant de quitter cette querelle qu’il qualifiait de grosses conneries de petites filles en manque de godemiché. Nous fîmes à peine quelques pas quand le conducteur de taxi, surgi de l’attroupement autour des querelleuses, vint se placer devant nous, la visage en sueur, les yeux luisants comme ceux d’un chat sauvage. « Mon frère togolais, tu as entendu ce que je viens d’entendre, hein, ces filles se font ça entre elles ! Hoooo, hoooo, hoooo, c’est quelle abomination ça là, hein ! Elles font ça comment, hein ? Yéééééé,  avec tous ces pilons qui trainent ici-bas, ces filles se font ça entre elles, hoooo, hoooo, hoooo, je rêve ou quoi, hein ? Et dire que ça fait maintenant plus de six mois, depuis le départ de ma femme, que je n’ai plus disparu dans le moindre trou ici-bas alors qu’il y a des filles qui se font cela entre elles ! Hoooo, hoooo, hoooo, regarde cette petite fille qui s’en va montrer sa brousse de poils là une femme, c’est quoi cette maladie-là, hein, hoooo, hoooo, hoooo, je te jure que si on la met dans mon lit juste pour quelques minutes elle va être guérie, je vais lui montrer qu’il y a une différence entre 12 et 21, hoooo, hoooo, hoooo, rien qu’en y pensant je raidis, tu peux me toucher voir, je te jure que je raidis rien qu’en pensant à cette fille si poilue dans mon lit, hoooo, hoooo, hoooo ! »

Il détala et se replongea dans la foule des spectateurs toujours amassés autour de la cocue et sa partenaire. Mahamat éclata de rire : « Non, sérieux, dis-moi où tu connais ce phénomène qui t’appelle son frère togolais. C’est des gens comme ça que vous avez au Togo ? Et vous vous plaignez d’avoir un prince libidineux comme président ? » Au lieu de lui répondre que ce comique n’était pas un Togolais, que c’était juste le taximan que j’avais eu le malheur de héler en venant, je pouffai aussi de rire. Je n’en doutais plus, ce monsieur avait pris un Viagra mortel, et l’infortunée fille qui oserait monter dans son taxi puis dans son lit cette nuit se retrouverait au mieux avec une incapacité totale de jouir pendant six mois, au pire une paralysie à vie des membres inférieurs.

Nous longeâmes l’obscur couloir qui menait aux choses sérieuses en faisant les derniers réglages techniques : les proies, il fallait tout mettre en œuvre pour les abattre, les dépecer, les cuire, les ingurgiter et les digérer dès cette nuit. Sur la porte qui s’ouvrait sur le salon presque sombre où l’on buvait, un papier-rame éclairé par une ampoule bleue portait l’inscription : « Ici c’est un bar, il est interdit de s’accoupler. Pour des besoins pressants, contactez les serveurs pour prendre une chambre. Merci. La Direction. »

A suivre…

Note : Ce texte, dont le titre est inspiré du célèbre titre « Comment faire l’amour avec un Nègre sans sa fatiguer » est écrit pour saluer l’élection de l’éminent écrivain d’origine haïtienne Dany Laferrière à l’Académie française. Tant qu’existeront des hommes comme ce monsieur, le rêve de forger des mots, de les rendre plus beaux, plus doux, plus vivants, hantera toujours des générations et des générations.

 

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Commentaires

David Kpelly
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It's on!

Réndodjo
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J'espère qu'il y a une quatrième partie? Je reste sur ma soif.

Baba Mahamat
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Moi aussi j'attends déguster la suite David merci encore pour cette prouesse histoire qui m'a plonge dans un univers aussi proche qu' éloigné. Baba

DEBELLAHI
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Il entre en scène quand, le Nigérian ?

chrissfreevoice
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Toujours aussi vibrante ton histoire ! Toujours envie de lire la suite !

Une quatrième partie ou bien cela s'arrêtera ainsi car l'objet de ton prochain livre ?

Marek Lloyd
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A quand la suite?????

Antoine Foly
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Votre style est d'une très grande classe. Je suis fier de vous.